Publié le Mercredi 14 octobre 2020 à 14h23.

Face à la vague des licenciements, des premiers liens se tissent

La liste des entreprises concernées par des plans de licenciements s’allonge. Si l’impression première est celle d’un rouleau compresseur que rien ne pourrait stopper, des tentatives existent pour préparer une riposte cherchant à inverser le cours de la situation. Pas du côté des confédérations syndicales et d’une grande partie de leurs antennes, où la réponse est inexistante. Aucune opposition n’est exprimée et l’offensive brutale du patronat avance en bousculant des salariéEs et des équipes syndicales isolées, entreprise par entreprise. La situation appelle pourtant des réponses globales, à l’échelle nationale, ce qui n’échappe pas à beaucoup de travailleurEs, syndiqués ou non.

La fermeture de l’usine Bridgestone est un exemple emblématique. Le groupe a empoché des millions d’euros de subventions, a réalisé des milliards de chiffre d’affaires mais veut fermer l’usine qu’il considère comme pas assez compétitive. Injustice criante aux yeux de bon nombre de travailleurEs bien au-delà de l’usine elle-même.

« Réindustrialiser la France »... si le profit le veut bien !

Pourtant, malgré l’écho médiatique qu’a suscité l’annonce de la fermeture, à la mesure de l’émotion collective, l’intersyndicale du site a préféré s’engouffrer dans le jeu de négociations avec la direction, étalées sur cinq mois, et appeler au calme les ouvrierEs pour ne pas effrayer un éventuel futur repreneur. L’intersyndicale a appelé les salariéEs à défiler dimanche 4 octobre mais dans une marche silencieuse, derrière le maire de droite de Béthune et Xavier Bertrand, président LR de la région, notables qui ont poussé de grands cris démagogiques nationalistes… contre les patrons japonais de la multinationale.

Le « produisons français » trouve aussi sa place dans les discours offerts par la gauche, qui propose de sauver les emplois en « réindustrialisant la France », sans jamais toucher au profit du patronat. Comment ? En rendant les usines plus compétitives, ce qui revient à arroser de nouvelles subventions publiques un patronat qui n’a de cesse de pleurer la bouche pleine ? Ou en imposant aux salariéEs des conditions de travail en recul, par le chantage à l’emploi ? Le nationalisme et le protectionnisme économique sont des impasses pour le monde du travail. La seule manière de sauver les emplois, c’est de partager le travail entre touTEs en prenant sur les profits du grand patronat et de militer pour la lutte commune de tous les travailleurEs de la planète.

Des convergences se dessinent

L’offensive brutale de la classe dirigeante ne reste pas sans réponse. Si les résistances qui seraient nécessaires pour la stopper sont encore devant nous, la colère et la nécessité d’une riposte globale commencent à s’exprimer par différents moyens. Des rassemblements se multiplient en soutien à telle ou telle entreprise, initiés entre autres par des militantEs du NPA. Et s’y joignent presque systématiquement des délégations d’autres entreprises, touchées elles aussi, par solidarité ouvrière et pour tisser des liens. Face au grand vide laissé par les directions syndicales, ces initiatives pour regrouper des équipes militantes et envisager ensemble l’avenir entre différentes entreprises, sont menées sur différents fronts.

Citons, dans la région de Toulouse, la rencontre le 17 septembre d’une cinquantaine de travailleurEs de dix-neuf entreprises différentes de l’aéronautique, affichant le but de s’opposer aux suppressions d’emplois dans le secteur. Citons aussi l’initiative de militants de la CGT de l’usine Cargill, dans la région lilloise, qui, avec d’autres équipes, ont lancé le site « stop­licenciement.fr ». Ils se donnent entre autres pour objectif de recenser à l’échelle nationale l’ensemble des plans de licenciements, et de mettre en lumière le caractère général de l’offensive du patronat. On peut citer aussi un rassemblement le 6 octobre de travailleurEs et militantEs d’entreprises de la chimie, devant le siège de Total, pour protester contre la fermeture annoncée de la raffinerie de Grandpuits. Citer aussi des rassemblements dans l’alimentation et la grande distribution, dont Auchan. Sans oublier, même si ce n’est pas immédiatement sur le terrain des licenciements mais pour préparer le combat contre la casse des conditions de travail annoncées via des ouvertures à la concurrence, une réunion organisée le samedi 3 octobre entre salariéEs et militantEs des transports : une soixantaine de présents de différentes entreprises (SNCF, RATP, Transdev, Kéolis, etc.) et syndicats. Une nouvelle réunion est prévue le 7 novembre.

Manifestation le 17 octobre contre les licenciements

Plusieurs secteurs de la CGT dont des syndicats d’usine engagés dans la contestation de plans de licenciements appellent à une manifestation centralisée à Paris le samedi 17 octobre contre les licenciements. Les tentatives qui peuvent rendre visible la contestation du monde du travail contre l’offensive du patronat sont nécessaires dans le contexte actuel. Rendez-vous donc dans la rue ce jour-là, aux côtés des marcheurs sans-papiers, pour tisser les liens nécessaires aux succès des luttes ouvrières à venir.