Le moins que l’on puisse dire, c’est que les confédérations syndicales et leurs structures fédérales ou départementales ne tentent rien pour faire le lien entre les luttes du moment. Heureusement que les salariéEs les plus combatifs s'organisent.Dans cette situation marquée par de très nombreuses fermetures d’entreprises, de dépôts de bilan ou de plan de licenciements, la moindre des choses serait que les syndicats fassent le lien entre les salariéEs qui veulent s’y opposer, qu'ils mettent en place des réseaux de solidarité. Car ce qui manque c’est l’espoir de pouvoir changer la donne. Et la plupart du temps, dans des entreprises de quelques dizaines de salariéEs et même de quelques centaines, il est quasiment impossible d’imaginer pouvoir empêcher une fermeture ou même des licenciements.
Réseau combatifDes équipes militantes essaient à la base de trouver des solutions. C’est le cas avec l’initiative de salariées des « 3 Suisses » licenciées qui, en créant une association « Les Licenci’elles », ont lancé une bataille pour l’interdiction des licenciements. C’est au fil des manifestations et de rencontres diverses que se construit un réseau de syndicalistes d’entreprises, convaincus que c’est en sortant de l’isolement et en unissant leurs forces que les salariés pourront agir efficacement.L’idée est d’élaborer un projet de loi qui protège les salariés en interdisant les licenciements dans les groupes qui font des bénéfices. Une manière de populariser cette réponse nécessaire et urgente. Depuis septembre, les Licenci’elles se réunissent chaque mois et essaient de mettre au point des actions, s’entourant d’équipes militantes comme celles de Goodyear, Fralib, Sodimedical, Faurecia, Valeo, Ford, Sanofi, Arcelor, PSA … une vingtaine d’entreprises en tout.Un des principes revendiqués est de faire tomber les barrières, d’oublier les étiquettes syndicales, de construire un réseau large et ouvert. Evidemment, cela donne une construction difficile, aléatoire, bricolée, car faite avec les moyens du bord, à savoir la détermination de militantEs à la base. Une action est organisée devant le ministère du Travail le mardi 29 janvier à 14 heures. Elle se prépare depuis plusieurs semaines. Banderole, tee-shirts, tracts ont été discutés et fabriqués pour assurer la visibilité. Comment médiatiser et élargir le réseau font partie des problèmes discutés. L’enjeu est d’amorcer enfin la construction de cette convergence tant espérée.Philippe Poutou