Depuis l’accélération sans précédent des licenciements, les luttes sont nombreuses. Des amorces de coordination, fragiles, voient le jour.
Ce qui caractérise la plupart des luttes face aux licenciements, c’est leur isolement. Aucune confédération syndicale n’a pris l’initiative de réunir l’ensemble des entreprises concernées par les licenciements pour définir une riposte commune. Un potentiel de mobilisation réel existe pourtant dans bien des endroits, avec des luttes qui durent sur plusieurs mois, comme à Celanese, Fulmen (batteries de voiture à Auxerre) ou Lear (sièges pour Citroën dans l’Oise). Mais, malgré des luttes dures, aucune boîte ne se bat par sur la perspective d’interdiction des licenciements, comme le NPA le défend. Non pas que les salariés concernés soient opposés à cette perspective, mais elle apparaît dans bien des cas comme inaccessible. Car, isolés, les salariés n’ont d’autre choix que de se battre pour des plans « sociaux » les moins mauvais possibles, des primes de départ conséquentes, un nombre de licenciements moindre par rapport à celui prévu par les patrons, etc.
De ce point de vue, même sur la défensive, les travailleurs, comme à Continental, arrivent, ici et là, à marquer des points. Même timidement, on assiste, de manière très locale, à des débuts de coordination d’entreprises en lutte. A Châteauroux (Indre), par exemple, les salariés de l’usine Rencast (tôles aluminium pour l’automobile), après avoir gagné à 100% contre la fermeture de leur usine à la suite de deux semaines de grève avec occupation, ont donné un coup de main aux salariés de Mead Emballages. Dans la région de Quimper, il y a eu une tentative de coordination entre les salariés de Cummins (filtres à air, à huile et hydrauliques pour les poids lourds et les engins de chantiers et l'automobile), ceux de Livbag (numéro un mondial de l’airbag, qui veut licencier 250 des 900 salariés) et ceux d'Asteel (sous-traitance électronique et électromécanique), avec une manifestation commune devant le Medef et la préfecture, mais qui n’a pas été plus loin. Mardi 9 juin, les travailleurs de Lear sont venus accueillir les salariés de Molex à Paris, ces deux usines étant liées au même donneur d’ordre, PSA (lire TEAN n°12 du 11 juin).
En Picardie, particulièrement touchée par des licenciements dans le secteur automobile, les salariés de Continental (Oise) et de Goodyear (Somme) se sont coordonnés. Ils organisent des manifestations communes, se voient le samedi « chez l’un ou chez l’autre », pour des barbecues de lutte, etc. Sans faire de plans sur la comète, à partir de ces deux usines, un appel à une rencontre de l’ensemble des salariés victimes des mêmes plans de licenciements dans tout le pays rencontrerait, à coup sûr, un écho considérable. Ce serait l’occasion, pour les salariés eux-mêmes, de débattre des perspectives concrètes à mettre en avant aujourd’hui.
Mais une telle rencontre ne se décrète pas. Le NPA pourrait réunir des représentants d’une quinzaine d’entreprises en France aujourd’hui touchées par des plans de licenciements et sortir de son chapeau « un appel NPA ». Ce n’est pas sa manière de faire. Mais cela ne l'empêche pas de faire connaître à tous ce qu'il juge utile dans la période (comme une marche nationale pour l’interdiction des licenciements) et de faire savoir sa disponibilité à ce sujet, comme il l'a déjà fait savoir en décembre dernier en convoquant une réunion unitaire adressée à l’ensemble des organisations syndicales et politiques afin de proposer un front commun contre les licenciements.