À la mi-mai, Jean-Dominique Sénard, nouveau patron de Michelin, avait exclu toute fermeture de site ou de réductions de postes. « Le sujet ne se pose pas aujourd'hui », avait-il assuré. « L'erreur serait de quitter aujourd'hui nos territoires traditionnels ». Et pourtant…C’est avant la réunion du comité central d’entreprise prévu pour mercredi12 juin, que le groupe a officialisé lundi 10 juin la fin de l’activité poids lourds du site de Joué-lès-Tours pour 2015. Le prétexte est toujours le même : mise en péril de la compétitivité. Pourtant l'an dernier, ses bénéfices ont progressé de 24,5 % à 2,4 milliards d’euros. Cela impliquerait la suppression de 700 emplois sur les 930 du site. Et les discours sont toujours les mêmes : plan de sauvegarde exemplaire, pas de licenciements secs, reclassements, mutations volontaires, blablabla…D’ailleurs les salariéEs de Joué-lès-Tours savent ce que valent les promesses de Michelin. En 2009, un premier plan social avait touché l'usine avec 340 suppressions de postes et à l'époque la direction de Michelin estimait possible de relancer le site et visait une production de 1 million de pneus par an...Mettre en commun les colèresPour le syndicat CGT comme pour les salariéEs, la réalité est tout autre. 300 travailleurEs ne seront vraisemblablement pas reclasséEs et resteront sur le carreau. Ce ne sont pas les déclarations de Moscovici qui rassurent : « Évidemment, j’ai une pensée particulière pour les salariés. Évitons les dérapages. Il s’agit de décisions annoncées pour 2015, il y a du temps encore pour la concertation ». Cette allusion à des « dérapages » vise-t-elle les liquidations d’emplois de Michelin ou les possibles blocages de la production évoqués par les syndicalistes ? De Goodyear à PSA, nous avons eu des aperçus du sens de ces menaces.Chaque jour, ce sont des centaines de liquidations d’emplois qui sont annoncées : Groupama (800), Ricoh (330), Société Générale (700), Air France (1 000), etc. Plus que jamais, des initiatives doivent être prises pour mettre en commun les colères, des mobilisations pour interdire les licenciements, pour partager le travail entre toutes les mains disponibles.Robert Pelletier
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