Le 28 juillet 2012, la direction de Presstalis (société commerciale de messagerie de presse ex-Nouvelles messageries de la presse parisienne, NMPP) annonçait un vaste plan de restructuration qui devait toucher l’ensemble des services de l’entreprise et entraîner la suppression de la moitié des effectifs, soit environ 1 200 personnes. Le début d'une longue mobilisation…Ces mesures comptables n’avaient pour objectif que de casser les conventions collectives en externalisant une grande partie de la charge de travail aujourd’hui dévolue à Presstalis. Les conséquences d’un tel plan auraient laissé rapidement apparaître une distribution à plusieurs vitesses, les gros éditeurs pouvant assurer des coûts de distribution importants, et les petits ultra fragilisés et dans l’incapacité d’être correctement distribués sur tout ou partie du territoire. Un plan comptable donc, mais aussi un danger pour la démocratie.Le plan de départ prévoyait pour l’Île-de-France une externalisation totale des services départ, export, publications de niveau 1 et 2 (dépôts et diffuseurs) et fermeture de deux établissements traitant les courtines et les hippiques.Ainsi, pour le siège, devait être imposée l’externalisation partielle de certaines activités, alors que pour la province était prévu le démantèlement total sur un plan régional des 19 sociétés d'agence et de diffusion, avec également l’externalisation des publications et la fermeture de certains dépôts Soprocom.
Rien n'est régléAprès 8 mois d’un conflit extrêmement difficile et largement suivi, après d’âpres négociations, un accord a finalement été trouvé. Il y aura finalement deux centres pour l’Île-de-France, Bobigny et Champigny, avec le traitement des publications de niveau 1 et 2 ainsi que la totalité de l’export, des hippiques, et enfin la récupération de 118 diffuseurs (les vendeurs). C’est ainsi 301 emplois « non contraints » qui devraient disparaître (avec le non-remplacement des plus anciens) et le maintien du reste des effectifs dans l’emploi pour les plus jeunes.Tout cela fut possible grâce à la détermination des salariéEs de Presstalis et des imprimeries de presse (syndicat du Livre CGT). De nombreuses personnalités politiques se sont aussi montrées solidaires de la lutte des salariéEs de Presstalis, comme Olivier Besancenot ou Marie-George Buffet.Cependant, l’avenir de la presse papier reste précaire. Les aides destinées à la presse vont être le prochain gros dossier à traiter par la profession. Bien que profitant allègrement aux éditeurs les plus riches, ces subventions sont indispensables au développement industriel (imprimerie, distribution), et c’est vers le développement des outils numériques que des millions d’euros devraient être réaffectés. Quid du support papier dans les prochaines années (et des 15 millions de lecteurs de quotidiens par jour) ? Va-t-on vers la fin de la loi Bichet de 1947 et la casse des statuts des salariéEs de la presse ?Le dossier de la presse et la question démocratique qu’elle pose restent très largement ouverts. Nul ne doute que la bagarre va être très rude.
Olivier Maury et Erwan Bikou