Après l’annonce de l’opération re-recapitalisation, c’est à dire de renflouement de PSA par l’État français et le chinois Dongfeng, il reste à régler les parts respectives des uns et des autres. Le chinois Dongfeng n’entend pas être une simple roue de secours, rôle auquel le ministre Montebourg voudrait le confiner du haut de sa suffisance chauvine.
Dans un entretien avec des journalistes français rapporté par la directrice du Monde diplomatique, le numéro 2 de Dongfeng a déclaré : « Des restructurations sont indispensables afin de réduire les coûts et faire jouer les synergies. Nous sommes présents au conseil de surveillance au même titre que les deux autres partenaires », c’est-à-dire avec le même poids décisionnel.Les fonds apportés par Dongfeng sont conditionnés aux mesures de restructurations qu’impose pour les patrons de tous les continents la concurrence mondialisée entre capitalistes. Tel est l’enjeu des discussions avant la ratification en grande pompe par Hollande et le président chinois Xi Jinping lors de sa prochaine visite en France le 26 mars prochain.En attendant, Louis Gallois (« patron de gauche » – ex-SNCF, ex-EADS) est déjà proposé pour diriger PSA : l'État monte en première ligne.
Moins d’emploiLes commentaires enchantés, formulés lors du salon automobile de Genève et de l’attribution du titre de meilleure automobile de l’année à la Peugeot 308, voudraient faire croire à la reprise. Pourtant les faits sont têtus : la production de voitures en France a été en 2013 inférieure de 42 % à son niveau d’avant crise en 2007, baisse plus importante que dans la plupart des autres pays d’Europe. Les effectifs salariés n’ont cessé de chuter.Pendant l’année 2013, avec la fermeture d’Aulnay et le plan Varin de plus de 10 000 suppressions d’emplois, PSA a voulu rattraper le retard pris vis-à-vis de son compère et concurrent Renault. Et cela continue avec la suppression de lignes de montage dans les usines PSA de Mulhouse et de Poissy. Les effets de l’accord de compétitivité antisocial se font de plus en plus sentir avec en particulier le gel des salaires et le raccourcissement des temps de pause. Cela a déclenché la semaine dernière un débrayage avec défilé dans l’usine de Mulhouse, faisant reculer la direction sur les temps de pause.
Plus de précaritéLa création de 600 postes de travail est annoncée dans l’usine de Sochaux, mais 450 d’entre eux sont en intérim. Précarité, travail de nuit, voilà les recettes de PSA au lieu d’une répartition du travail disponible entre tous les sites et d’une réduction du temps de travail.En porte-parole habituel de la famille Peugeot, Moscovici a pu saluer « l’attachement de PSA à son site historique et la pérennité de son ancrage en France ». Belle pérennité qui se fonde sur le recours massif à l’intérim !
Et de pollutionAu même moment, PSA et les autres constructeurs automobiles sont mis en cause. Le pic de pollution constaté dans une trentaine de départements trouve son origine, parmi d’autres causes, dans les moteurs diesel dont les émanations de « particules fines » sont reconnues cancérigènes. PSA suivi par Renault sont les champions du monde des moteurs diesel et, ceci expliquant cela, que la France est le pays où la part des véhicules diesel en circulation est la plus importante. Force est de reconnaître que PSA et Renault prouvent qu’ils se moquent autant de l’emploi et des conditions de travail que de la santé publique dans les villes abîmées par la circulation automobile. Les salariés de l’automobile, en rien responsables de ces errements, n’ont pas à en payer les conséquences.
Jean-Claude Vessillier