Les élections terminées, le nouveau gouvernement Ayrault est directement confrontée aux milliers de suppressions de poste programmées. Le dialogue social ne sera pas suffisant pour sortir de cette crise. L’annonce d’une accélération de la décision de fermeture du site PSA d’Aulnay place le gouvernement Hollande-Ayrault 2 face aux réalités des conséquences de la récession économique. Quant aux conséquences sociales, on les connaît : des milliers de suppressions de postes sur le site même et quatre ou cinq fois plus d’emplois indirects avec toutes les conséquences sur la vie sociale, les commerces, les services publics. À Aulnay, mais aussi à Rennes, à SevelNord ou encore à Madrid, ce sont des milliers de salariéEs, de familles, qui vont supporter les conséquences de ces suppressions d’emplois. Et le secteur automobile n’est pas le seul frappé : Technicolor, Air France, Carrefour, Arcelor, Crédit Agricole, etc., la liste s’allonge chaque jour.
Négocier les reculs...Pour mettre un coup d’arrêt à ces désastres sociaux, il faudrait une politique industrielle et sociale en rupture complète avec le système économique actuel. Le ministère du Redressement productif regroupe des technocrates souvent déjà partie prenante de l’administration précédente, ou passés par le conseil ou la gestion d’entreprises. Autant dire que ce n’est pas de là que sortiront les mesures radicales s’attaquant au pouvoir patronal : réduction massive du temps de travail, suppression du travail de nuit, de week-end, du travail posté, respect de la santé et de la sécurité au travail, qui créeraient des milliers de postes de travail s’ajoutant aux besoins du secteur public. Face à un patronat qui refusera ces mesures s’attaquant de manière frontale aux profits, l’expropriation, l’appropriation par les travailleurEs constitueraient de vraies pistes de sortie de la crise qui ne serait pas payée par les salariéEs. La principale piste ouverte par Sapin et Montebourg consiste à développer le... dialogue social. Si les directions syndicales peuvent se satisfaire de pouvoir ainsi s’autojustifier, les mesures concrètes seront probablement inexistantes. La modification à la marge de la fiscalité, la réorientation des aides vers les investissements « tournés vers l’emploi », l’accroissement des aides par les régions risquent fort d’être sans effet notable. Le développement de la concertation avec les syndicats, du « dialogue social » sur la route des accords « compétitivité-emplois » pourrait être une possibilité, à condition de ne pas rencontrer d’opposition radicale des salariéEs et des équipes syndicales de terrain. ...Ou construire l’opposition socialeC’est l’opposition radicale à tous les projets de liquidation d’emplois qui est à l’ordre du jour. Pour construire cette opposition, il faut combattre les doutes des salariéEs sur leur propre force. Ceux de Ford, Fralib, SBFM, Lejaby ont montré que les résistances, les victoires même partielles, même provisoires sont possibles. Ces succès s’appuient d’une part sur une mobilisation des salariéEs concernéEs, d’autre part sur le soutien des réseaux locaux. La convergence, la coordination des mobilisations est une nécessité supplémentaire. Difficile à réaliser par des équipes entièrement investies dans la construction de la mobilisation dans l’entreprise. D’autant plus que le combat ne peut rester à l’intérieur des frontières d’un seul pays. L’exemple de PSA-GM, avec des sites visés aussi bien en Allemagne (Opel à Bochum) qu’en Espagne (site de Madrid) qu’à Aulnay ou Rennes montre l’ampleur de la tâche. Des liens réels, d’équipes militantes à équipes militantes ne sont pas un luxe mais une nécessité, une urgence de l’heure.
Robert Pelletier