Cette usine avait connu un mouvement de grève au printemps 2015. Les ouvriers avaient repris le travail le 28 mai 2015 après avoir gagné à la fois sur certaines de leurs revendications de salaires et sur leur droit à élire librement des délégués. Il faut savoir que dans l'usine Renault de Bursa c'était le règne d'un syndicat patronal et pro AKP, le parti d' Erdogan, le premier ministre turc.
La direction a tenté de repasser à l’offensive suscitant de nouveaux mouvements de protestation en janvier. La direction a alors volu désamorcer le mouvement en annonçant de nouvelles élections de délégués le 29 février. Mais, le mécontentement a continué, l'influence du syndicat turc Birlesik affilié à la fédération internationale de la métallurgie « Industrie All », grandissant. C'en était trop pour Renault et le gouvernement turc.
Le jour même des élections prévues le 29 février, ils ont choisi la voie de la répression, annonçant le licenciement de 10 ouvriers de l'usine de Bursa. En réponse, la grève a été totale le mardi 1er mars. Malgré la puissance dissuasive de la police, les travailleurs de l'équipe du matin sont entrés dans l'usine, l'ont occupée pour exiger réintégration de leurs camarades et augmentations de salaires. L'équipe d'après midi sa manifesté devant l'usine. La police est arrivée sur les lieux, essayantd'arrêter la manifestation. Lorsque les travailleurs ont résisté, les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes sur la foule et interpellé plusieurs personnes
A la demande de Renault Turquie, la police a arrêté, le 2 mars, 21 personnes à la fin du travail de l’équipe postée de nuit. Elle s'est livrée à des actes d’intimidation au domicile de travailleurs et travailleuses. A l’heure où nous écrivons ces lignes, 60 travailleurs ont été licenciés, 100 mis à pieds et convoqués individuellement par la direction locale afin soit de donner leur démission et partir avec un chèque, soit être licenciés avec le minimum. Au total, près de 200 salariés d’Oyak ont été licenciés ou sont sur le point de l’être.
Après ces deux jours de grève avec occupation marqués par 200 licenciements, des coups de force de la police et des arrestations, les grévistes de l'usine Renault à Bursa ont repris le travail mercredi 2 mars. Le gouvernement et le patronat ont donc tout fait pour briser la mobilisation.
Cette violente répression est à la hauteur de leurs peurs. La responsabilité de Renault et son PDG Carlos Ghosn est directement engagée. Celui-ci interpellé lors d'une audition à l'assemblée nationale sur les pratiques discriminatoires de Nissan aux États Unis avait oser déclaré qu'il respectait partout le droit syndical. Mensonge qui s'illustre encore dans le cas de Renault en Turquie !
« Industri All » et le « réseau international de solidarité et de lutte » auquel appartient SUD Métallurgie ont dénoncé la répression. La solidarité avec les travailleurs de Renault Bursa doit se renforcer partout ici et maintenant en France
Pour lire informations complémentaires et acèder aux prises de positions syndicales, consulter le blog www.npa-auto-critique.org