Depuis plus de deux semaines, les ouvriers de l’usine Cerexagri (35 employéEs au total) se sont mis en grève totale, stoppant ainsi la fabrication de produits phytosanitaires.
Pour mieux se faire entendre, ils se sont installés devant avec stand, tables, banderoles et se sont mis à fonctionner 24 heures sur 24, collectivement, pour manger, dormir et bien sûr pour communiquer avec les soutiens qui passent. C’est avec colère qu’ils se sont lancés dans une lutte déterminée. Ras-le-bol du mépris permanent de leur patron, un groupe indien (UPL) qui possède aussi deux autres sites en France, à Marseille et à Mourenx (40), où les salariéEs sont aussi mobilisés actuellement pour les salaires, à l’occasion des négociations annuelles obligatoires.
Exploitation et mépris
Mais il n’est pas seulement question d’augmentation de salaires ou de primes. Une fois que la colère s’exprime, c’est tout ce qui ne va pas qui ressort. Les condition de travail sont déplorables. Comme souvent dans les usines chimiques, classées Seveso, la sécurité des sites est réglementée, officiellement assez strictement. Sauf que pour la santé des salariéEs, c’est loin d’être une garantie de protection. Les produits sont dangereux et posent des gros souci au quotidien : maux de têtes, fatigues, brûlures… Ce qui ne semble pas vraiment préoccuper ni l’inspection du travail (débordée, sans moyen pour contrôler les abus patronaux ?) ni la médecine du travail (manque de moyens et résignation ?). Les ouvriers se sentent abandonnés par les pouvoirs publics. Ils protestent depuis longtemps au travers du CHSCT, lancent des alertes, mais rien ne change.
S’ajoute la violence patronale « classique » avec des méthodes de gestion du personnel qui reposent sur l’intimidation, les pressions diverses, l’abus d’intérimaires pour diviser, fragiliser, précariser et ainsi faire taire toute contestation. Ce sont ces conditions difficiles que vivent les salariéEs dans tous les secteurs d’activité, des conditions qui écrasent et poussent à subir, rendant compliquée toute résistance collective… habituellement.
Combat et solidarités
Mais parfois il y a le déclic, le sursaut pour dire stop, pour refuser la surexploitation, la confiance qui revient, le sentiment de légitimité pour revendiquer le respect, la dignité de touTEs, pour exiger un partage des richesses, dénonçant les profits pour les actionnaires, les gros salaires pour les dirigeants à côté des salaires injustes, autour de 1500 euros, pour des ouvriers en 5x8 et victimes de travaux pénibles et dangereux pour la santé.
Ils recherchent la solidarité autour d’eux, ayant bien compris pour pour changer la donne, pour faire du bruit, c’est en allant chercher le contact et l’appui d’autres salariéEs dans les entreprises autour. Pour le moment le grand patron ne réagit pas, promet une visite plus tard, comptant sans doute sur l’usure et la démoralisation. Mais les grévistes et leurs familles, encouragés par la solidarité qu’ils et elles reçoivent, trouvent la force de continuer et de prévoir des actions. À ce jour, il leur est impossible de lâcher le combat, espérant aller au bout, c’est à dire faire reculer leur patron.