Il n’aura fallu que cinq jours aux salariés d’Eurostamp, un sous-traitant automobile qui emploie 480 travailleurs à Villers-la-Montagne, près de Longwy (Meurthe-et-Moselle), pour faire plier leur direction. Lundi 30 novembre à l’aube, ils déclenchaient une grève illimitée, après de longues semaines de tension avec la direction, à propos du plan de licenciement annoncé.
Au premier jour de la grève, la direction campait sur ses positions: 107 licenciements avec une indemnité extra-légale de 800 euros par année d’ancienneté. La grève a été déclenchée par la base et conduite activement, avec une présence massive aux portes de l’usine, jour et nuit, malgré le froid, la pluie, les provocations et les intimidations patronales: coupure d’électricité du réfectoire, interdiction des toilettes, assignation au tribunal pour 14 des 400 grévistes...
Après cinq jours de blocage complet de l’entreprise et d’actions symboliques dans la région, les travailleurs ont fait plier leurs patrons. La direction, poussée par Renault (son principal client) qui ne supportait pas le blocage de son fournisseur, a proposé une indemnisation de 1600 euros par année d’ancienneté pour tous les travailleurs licenciés, dont le nombre a également été réduit à 94. Les travailleurs réunis en assemblée générale ont accepté ces propositions.
Par leur action, les travailleurs ont prouvé que la lutte paye lorsqu’elle est menée de manière résolue et combative. Le fait que la direction soit obligée de doubler la mise après cinq jours seulement de grève prouve que les travailleurs ont un pouvoir insoupçonné entre les mains.
Ce combat montre également que la grève est un outil irremplaçable et doit être placée au centre de la stratégie. La voie judiciaire, proposée en première instance par les syndicats pour contester le plan social, est de toute façon hasardeuse et vouée à l’échec s’il n’y a pas une forte pression à la base.
La victoire des salariés d’Eurostamp est de nature a donner confiance et courage à ceux qui sont confrontés à des plans de licenciements ou des fermetures. Le redémarrage (même timide) observé dans certains secteurs constitue une formidable invitation à la lutte. En effet, même s’ils sont en train de licencier, les patrons ont plus que jamais besoin de leurs salariés pour honorer des carnets de commandes un peu plus fournis qu’il y a quelques mois. Dans ce contexte, un arrêt de la production peut les acculer rapidement à faire des concessions. Mais pour obtenir davantage que des indemnités et pour arriver à stopper les licenciements, les luttes isolées, même combatives, ne seront pas suffisantes. Il faudra les faire converger au moins au niveau sectoriel pour faire plier plus largement le patronat. Le NPA met constamment en avant cette nécessité de convergence et participe à sa construction chaque fois que c’est possible. Bien entendu, c’est d’abord aux travailleurs et à leurs syndicats de l’organiser, comme à l’initiative des New Fabris il y a peu.
Le Comité NPA Longwy-Luxembourg, présent depuis plusieurs mois devant Eurostamp, continuera de soutenir pleinement les salariés afin d’empêcher toute nouvelle tentative de leur faire payer la crise.
Correspondants NPA Longwy