Le pouvoir algérien poursuit sa fuite en avant, avec la répression et la mise en place d’une loi de finance et sur les hydrocarbures, des garanties données à l’impérialisme. Face à cela, la mobilisation continue.
La répression est importante mais il s’agit avant tout d’une intimidation. Une centaine de personnes arrêtées, c’est beaucoup, mais comparé à ce qui se passe en Égypte, ce n’est pas du tout la même ampleur. On voit surtout beaucoup plus d’expressions de solidarité. Il y a de nouvelles arrestations, mais aussi des libérations. Et se développent des comités de soutien dans les communes. En particulier à la manifestation du vendredi à Bejaïa, il y avait des cortèges de communes pour soutenir les détenus. C’est de cette façon que se fait l’auto-organisation, sur les tâches pratiques.
Des lois illégitimes
Il y a une accélération du cours libéral du gouvernement. Ce gouvernement mis en place par Bouteflika est illégitime, il est remis en cause, mais il fait une loi de finance pour 2020. D’un point de vue démocratique, c’est délirant : il prépare des élections pour le 12 décembre, mais la politique du gouvernement est déjà décidée, avec la loi de finance, l’augmentation de la TVA, l’augmentation des impôts, l’austérité. Tout cela alors que le salaire minimum n’a pas bougé depuis 2012. À ce moment, on avait parmi les meilleurs salaires de la Méditerranée mais, aujourd’hui, c’est un des plus bas. Et en même temps, il y a une augmentation des prix dans différents domaines.
De plus, ils reviennent sur la loi dite des « 51-49 », qui limite la participation étrangère dans les sociétés à 49%. L’argument est d’attirer des investissements étrangers. Mais avant 2009, il n’y avait pas cette règle, Bouteflika faisait le tour des sommets européens pour vendre d’Algérie mais ça ne marchait pas mieux.
En réalité, ce sont des garanties qui sont données, dans cette phase de mouvement populaire, aux forces impérialistes, sur la continuité du régime. La loi des hydrocarbures a été préparée avant le départ de Bouteflika par le dirigeant de Sonatrac et un bureau d’études américain. Il s’agit de garantir les intérêts d’Exon, Total et des autres grandes entreprises étrangères pour l’utilisation des richesses algériennes, dans une période d’instabilité internationale, notamment au Moyen-Orient.
Il y a une accélération de cette politique, alors que le mouvement populaire revendique la souveraineté populaire sur ces richesses.
Le mouvement réagit toujours aux attaques gouvernementales
Il y aura donc des réactions vendredi prochain, comme il y a en a eu vendredi dernier face à la répression. Les attaques libérales coïncident avec le coup de force de Gaïd Salah sur le plan des élections et de la répression. Cela ne passe pas dans la population, car le mouvement veut parachever le mouvement d’indépendance nationale, pour obtenir la souveraineté sur les richesses. Les réactions ont commencé, avec les réponses à l’exploitation du gaz de schiste. Des textes sont prévus par le pouvoir pour son exploitation mais ils ne sont pas publiés.
Le sommet de la réaction sera sans doute le 1erNovembre, à l’image du 5 juillet. Les discussions, les campagnes d’information et de mobilisation vont aboutir à un rejet massif le 1ernovembre. La mobilisation pour la souveraineté sur les richesses est par nature antiimpérialiste. Nous dénonçons la soumission de l’ingérence étrangère. La main de l’étranger dont parle tout le temps Gaïd Salah, c’est la loi sur les hydrocarbures ! D’ailleurs, l’Union européenne a publié un communiqué pour affirmer son soutien au processus électoral et à Gaïd Salah.
Le mouvement se reconstruit après l’été
Les régions du sud se remobilisent avec la diminution des températures. La volonté de Gaïd Salah de fermer Alger vendredi dernier a échoué, les quartiers populaires ont fait voler en éclat le blocus. La pression sur les syndicats se reconstruit petit à petit, après la période où le mouvement de réappropriation du l’UGTA s’est arrêté avec l’élection d’un dirigeant, après la fronde contre Sidi Saïd, encore pire, qui fait campagne pour la présidentielle voulue par le pouvoir.
Le mouvement des maires et des personnels des administration pour refuser d’organiser la présidentielle met le gouvernement en difficulté, car il risque de devoir envoyer l’armée pour récupérer les urnes. Essentiellement à Bejaïa, Boumerdès et Bouira pour l’instant.
Il y a toujours des grèves, notamment dans les entreprises dirigées par les oligarques qui ont été arrêtés. En effet, une partie de leurs entreprises vivaient directement des subventions de l’État ou des marchés publics. Il y a donc un recul de l’activité et donc des grèves défensives, ne serait-ce que parce que les travailleurs n’ont pas été payés depuis quelques mois.
La tentative de grève générale à Bejaïa, divers appels, notamment dans l’administration, commencent à avoir un écho. Rappelons que c’est la grève générale dans divers secteurs, du 8 mars au 10 mars, qui a fait basculer la situation et permis de faire partir Bouteflika !
Kamel Aïssat, Parti socialiste des travailleurs