Si un accord semble être trouvé sur « la reconnaissance d’un statut d’autonomie » de la Corse, Macron et Darmanin se sont empaillés avec la majorité nationaliste modérée de Corse à propos de deux options. Là où celle-ci revendique l’instauration d’un statut de résident, les premiers campent sur la notion de résidence.
Débats de jésuites qui occultent au moins trois problématiques. La première concerne la reconnaissance politique de l’existence du peuple corse. Ce qui induit logiquement la question de la citoyenneté. Enfin le troisième aspect, et non des moindres, concerne une spéculation immobilière et foncière galopante.
Apparition d’une extrême droite
De surcroît, un phénomène est intervenu ces dernières années. Malgré un solde négatif entre les décès et les naissances, notre pays connaît la plus grande hausse démographique par rapport à toutes les autres régions hexagonales.
L’acquisition massive de logements et l’achat ou la construction de maisons individuelles drainent une population extérieure séduite par nos espaces mer et montagne. La cause de cet engouement tient au développement d’une industrie du tourisme qui attire bon an mal an quelque trois millions de touristes dont bon nombre se ruent après coup sur le marché de l’immobilier.
Tous ces éléments caractérisent un contexte marqué par ailleurs par ce que d’aucuns appellent « une évolution institutionnelle », là où d’autres militent pour un véritable statut d’autonomie.
Avec l’apparition d’une extrême droite qui se réclame de la lutte du peuple corse se font entendre des revendications identitaires qui pèsent, hélas !, sur tous ces débats. Au point que des formations nationalistes se voyant concurrencées n’ont pas trouvé mieux que d’embrayer sur les thématiques de ces fascistes en rejetant désormais le concept de « communauté de destin » porté à l’origine par la gauche du FLNC, et ce, dans une vision de citoyenneté ouverte et inclusive.
Statut d’autonomie et sortie du tout-tourisme et de l’industrie dévastatrice
Face à cette situation, notre mouvement A Manca revendique la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple corse et, dans ce droit fil, un statut d’autonomie avec les pouvoirs législatifs afférents. La taxation massive des revenus liés à un marché locatif aux mains de prédateurs du type « Airbnb », ainsi que le gel des terres menacées par la spéculation font également partie de nos revendications. Sans oublier la construction urgente de logements sociaux qui font cruellement défaut. Il importe tout autant de sortir d’un mode de « développement » basé sur le tout-tourisme et son industrie dévastatrice.
Pour l’heure, malgré les résistances des associations de défense de l’environnement et de toutes celles et ceux qui les soutiennent, ce sont des milliers d’hectares de terres cultivables qui sont vouées au béton, avec une urbanisation démente au sein des grandes localités.
Tout cela pendant que notre pays se classe en tête des régions frappées par la précarité au point que des dizaines de milliers de femmes et d’hommes survivent en stagnant au niveau d’un seuil de précarité qui plombe lourdement leurs conditions de vie.
Il est donc clair que le capitalisme ne fait pas bon ménage avec le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Serge Vandepoorte, militant d’A Manca