Publié le Jeudi 11 novembre 2021 à 08h00.

Aux USA, les élections et les votes au Congrès mettent en difficulté les progressistes et les socialistes

Le Parti démocrate et en particulier les législateurs progressistes, y compris certains membres des Socialistes démocrates d’Amérique (DSA), sont sur la défensive après les élections de ce mois-ci et les votes au Congrès sur les projets soutenus par le président Biden.

Pour les élections, les Républicains ont fait campagne sur les thèmes de l’emploi, des impôts et contre l’enseignement du racisme dans les écoles. Et ils ont attaqué tous les Démocrates, les qualifiant de progressistes dépensiers, de socialistes et de laxistes en matière de criminalité. La défaite la plus importante du Parti démocrate a eu lieu en Virginie, où Biden avait remporté la présidentielle avec dix points d’avance. Le Républicain Glen Youngkin a battu le Démocrate Terry McAuliffe à l’élection pour le poste de gouverneur. Et dans le New Jersey, où les votes définitifs n’ont pas encore été comptabilisés, il semble que le gouverneur démocrate libéral Phil Murphy n’ait remporté l’élection qu’avec une poignée de voix d’avance seulement sur son rival républicain. Ces deux élections laissent penser que les Démocrates auront du mal à conserver leur majorité au Congrès lors des élections de mi-mandat l’année prochaine. Et elles pourraient présager d’un éventuel retour de Donald Trump à la présidence en 2024.

Plusieurs défaites électorales

Dans le même temps, plusieurs candidats progressistes ont été battus dans diverses élections et des propositions législatives progressistes ont été rejetées dans plusieurs villes. India Walton, membre de DSA, qui avait remporté la primaire démocrate pour la mairie de Buffalo, dans l’État de New York, a largement perdu la course à la mairie face à un démocrate modéré Byron Brown, car tout l’establishment républicain et démocrate, s’est retourné contre elle. À Seattle, deux membres progressistes du conseil municipal ont été battus parce qu’ils étaient favorables à une réduction du budget de la police ou qu’ils avaient pris des positions fermes contre le racisme. Et dans cette même ville, Nicole Thomas-Kennedy, qui affirmait la nécessité d’en finir avec la criminalisation de la pauvreté et du handicap afin de mettre en place des politiques permettant de réduire le besoin d’une police, a perdu l’élection au poste de procureure de la ville au profit d’un candidat de la loi et de l’ordre. À Minneapolis, la ville où, en mai 2020, la police a assassiné George Floyd, déclenchant les énormes manifestations contre le racisme, les électeurEs ont voté non à un référendum sur la réforme du département de la police. La plupart des villes ont rejeté les réductions des budgets de la police et d’autres réformes.

Les Démocrates n’ont pas tous perdu. La plupart des grandes villes sont gouvernées par des Démocrates (tout comme la plupart des États sont dirigés par des Républicains), et les progressistes (la gauche du parti démocrate) ont obtenu de bons résultats dans plusieurs d’entre elles. À Boston, Michelle Wu, décrite comme « une protégée progressiste de la sénatrice Elizabeth Warren », a remporté la course à la mairie, devenant ainsi la première femme racisée à occuper ce poste. À Pittsburgh, le progressiste Ed Ganey a remporté la course à la mairie, tout comme Justin Bibb à Cleveland.

Programmes sociaux rejetés

Les divisions au sein du Parti démocrate se sont accentuées. Au moment même où les élections se déroulaient, Biden tentait de faire passer ses deux programmes de 2 000 milliards de dollars au Congrès, à savoir le projet de loi sur les infrastructures et la législation sociale progressiste du projet de loi « Build Back Better » (« Reconstruire en mieux »). Les deux projets de loi étaient supposés passer ensemble au Congrès, dans l’espoir que le soutien bipartisan en faveur des infrastructures aiderait à faire passer le projet de loi sur les programmes sociaux. Mais après que les élus démocrates conservateurs ont paralysé le processus et réduit considérablement les budgets sociaux, les deux projets ont été séparés.

Joe Biden et la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, ont convaincu la centaine de membres du Caucus progressiste (qui regroupe les gauches des Démocrates) de se joindre aux modérés pour adopter le projet de loi sur les infrastructures. Au total, seuls les six membres de la chambre des représentants de la gauche démocrate connus sous le nom de « Squad » – Alexandria Ocasio-Cortez, Ilhan Omar, Cori Bush, Jamaal Bowman, Ayanna Pressley et Rashida Tlaib – ont voté contre le texte. Ces éluEs, dont plusieurs sont socialistes, ne font pas confiance aux Démocrates modérés pour soutenir les programmes sociaux de « Build Back Better ». Le Sénat ayant déjà adopté le projet de loi sur les infrastructures, le 5 novembre, la Chambre des représentants a voté en sa faveur, à l’exception de ces six Démocrates et, pour des raisons totalement différentes, de 13 Républicains.

Dans ce contexte, les Républicains sont enthousiastes, et la gauche est sur la défensive au Congrès, dans les États et dans les villes.

Traduction Henri Wilno