Publié le Mardi 15 février 2011 à 16h30.

Déclaration du congrès du NPA : et une, et deux, et trois révolutions !

Après Ben Ali en Tunisie, Moubarak en Égypte vient de dégager. A qui le tour ? Les Bouteflika, Mohamed VI, El Hassad et autre Kadhafi ont des raisons de se faire du souci sur leur avenir. Qu'ils dégagent à leur tour !

Bravant la peur, refusant de continuer à se laisser humilier, les peuples ont chassé les vieux dictateurs violents, corrompus, autoritaires. Aucun régime ne peut tenir face à la détermination des masses, à l'affirmation de la dignité. Oui, en quelques semaines, on peut en finir avec ce qui semble inamovible.

Le processus en cours est loin d'être achevé. Il s'agit tout à la fois de fermer la porte aux replâtrage du pouvoir au service de l'ancienne caste au pouvoir et d'imposer le partage des richesses pour vivre mieux, de faire reculer la misère et la précarité, de garantir l'égalité politique et sociale entre les hommes et les femmes.

L'impérialisme, son idéologie du choc des civilisations fauteuse de guerre de la Palestine à l'Irak, ou en Afghanistan, sa mondialisation libérale qui creuse les inégalités, sont en train de prendre un sacré coup de vieux.

Oui, la jeunesse, les classes populaires du monde arabe montrent la voie. La crise économique, écologique, sociale, démocratique sans précédent qui secoue le système concerne tous les continents. Elle fait peser des menaces sur l'avenir de l'humanité. Partout, les classes possédantes et les gouvernements à leur service imposent des politiques d'austérité drastiques.

De Londres à Athènes, de Lisbonne à Paris, la vieille Europe est elle aussi secouée par la révolte de celles et ceux qui refusent de payer cette crise. Ici, en France, le mouvement de l'automne, s’il n’a pas réussi à faire reculer le gouvernement, a permis au monde du travail et à la jeunesse d’accumuler des forces et de l’expérience, de montre la puissance du rejet des solutions libérales capitalistes à la crise. C’est un nouveau jalon vers l’affrontement central avec le pouvoir indispensable pour imposer les exigences des classes populaires. Les politiques d'austérité se combinent avec d'autres mesures qui visent à restaurer les taux de profit, comme la mutation vers un capitalisme prétendu vert qui ne résoudra rien et n'a pour but que de trouver de nouveaux marchés. Leur politique est une impasse.

Notre congrès appelle au soutien actif et internationaliste à la révolution en marche en Tunisie et en Égypte. Notre solidarité avec la lutte des peuples, c’est aussi la lutte contre notre propre impérialisme, en dénonçant la collusion de notre État avec leurs exploiteurs.

Nous exigeons la saisie des fonds des dictateurs mis au secret des banques d'Europe et leur restitution au pouvoir populaire. Nous exigeons la restitution aux travailleurs tunisiens et égyptiens des entreprises françaises qui les exploitent. Nous exigeons l'annulation de la dette.

Nous mènerons avec les organisations politiques, syndicales et associatives, tunisiennes, égyptiennes et françaises, cette campagne populaire qui doit cibler les instances judiciaires, le gouvernement, le Club de Paris – celui des créditeurs de la dette - et les multinationales prédatrices.

Et qu'ils dégagent aussi les Sarkozy, Fillon, Alliot Marie qui ont soutenu jusqu'au bout ces régimes, les ont armés, financés, ont formé leurs cadres répressif.

Qu'il dégage Strauss Khan, lui qui a flatté jusqu'au bout le bon élève du FMI dont il est le directeur, imposant les purges libérales qui étranglent les peuples du monde.

Qu'ils dégagent ces gouvernements de droite comme de gauche qui appliquent les mêmes politiques d'austérité.

Les processus révolutionnaires en Tunisie et en Egypte sont également une leçon pour nous. Lorsque l'ensemble du peuple - femmes et hommes, ouvriers, précaires, chômeurs, jeunes...- prend sa destinée enmain, il peut renverser l'ordre établi.

Le souffle de la révolution, c'est un nouvel encouragement à la lutte pour refuser de payer la facture de leur crise, à la lutte contre l'oppression des femmes et le racisme, à la lutte pour construire l'unité des exploité.e.s et des opprimé.e.s. par delà les origines et les frontières pour leur émancipation, pour un monde égalitaire, écosocialiste, débarrassé du productivisme capitaliste, le socialisme du XXIe siècle.