Dans le déchaînement de la guerre entre les deux fractions rivales, les jeunes à travers les réseaux issus des comités de résistance, fournissent l’aide humanitaire aux populations.
Voilà près d’un an que les Forces armées soudanaises (FAS), dirigées par Al-Burhan, et les Forces de soutien rapide (RSF en anglais), avec à leur tête Hemedti, après avoir fomenté ensemble un coup d’État, se mènent une guerre entraînant le Soudan dans l’abîme.
Crise humanitaire
Les victimes restent les populations civiles. Beaucoup ont fui les zones de combat comme dans les deux villes jouxtant la capitale Khartoum où les FAS ont réussi à reconquérir Omdurman et tentent de gagner Bahri occupée par les RSF.
Ceux qui n’ont pu s’échapper subissent les bombardements et les violences des soudards des deux camps. Les Nations unies estiment que plus de huit millions de personnes sont déplacées et 20 millions manquent de nourriture, situation pouvant déboucher rapidement sur « la pire crise alimentaire au monde ». D’autant que les belligérants repoussent toute idée de trêve ou de mise en place de corridor humanitaire permettant l’acheminement de denrées et de médicaments. Al-Burhan refuse obstinément l’entrée de l’aide via le Tchad pour les populations du Darfour.
Salles d’urgences
Chevilles ouvrières de la révolution soudanaise, les militantEs des comités de résistance continuent leur activité à travers les actions de solidarité. C’est ainsi que des salles d’urgences sont installées à travers le pays jouant à la fois le rôle d’hébergement transitoire, de salle de soins et de cantine. Le financement de ces structures délocalisées est assuré par des donateurs à l’intérieur du pays et par la diaspora via des applications bancaires mobiles comme Bankak. Ainsi, l’arrêt d’internet a des graves conséquences empêchant les approvisionnements. Les RSF à Khartoum ont coupé le réseau pour obliger les techniciens à le rétablir au Darfour, une de leur place forte. Les bénévoles de ces groupes de base, souvent des jeunes sont la cible aussi bien de l’armée que des RSF. Ils sont accusés d’aider le camp adverse et surtout connus pour avoir été des activistes contre la dictature.
La persistance de la révolution
Ces groupes de base, à travers leurs réseaux, permettent de répondre aux besoins des populations, comme organiser des exfiltrations de familles dans les zones où les combats font rage, trouver un électricien pour une installation défectueuse, du carburant pour des ambulances ou des groupes électrogènes alimentant des centres de santé. Ils commencent timidement à recevoir des fonds des grandes organisations humanitaires. Ces structures répondent à la défaillance de l’État. C’était déjà vrai avec les comités de résistance à l’époque où Burhan et Hemedti dirigeaient le pays, ça l’est encore plus aujourd’hui. Ces structures autogérées symbolisent la permanence de la révolution soudanaise et apparaissent comme une alternative crédible à cette élite soudanaise violente et corrompue.