Publié le Mercredi 15 janvier 2025 à 15h00.

Flammes du climat, flammes sur Gaza

Depuis le 8 janvier, les images de destruction abominable et de maisons détruites ont tourné en boucle sur les écrans des médias de tous bords. 

Des interviews de gens en pleurs d’avoir tout perdu : leurs possessions, leurs maisons et pour certainEs des proches. Il y aura eu plus d’images en une semaine sur les incendies à Los Angeles qu’en plus d’une année sur les destructions et les massacres à Gaza. 

Deux poids, deux mesures… encore !

Bien plus de témoignages de désespoir de richissimes stars du cinéma qui ont perdu leur maison à plusieurs millions de dollars nous sont parvenus en quelques jours que de plaintes des GazaouiEs, dont près de 60 % des habitations ont été détruites. Un James Woods, raciste et supporter de Trump notoire, qui disait de Gaza en octobre 2023 qu’il fallait « tous les tuer et raser complètement Gaza » est venu pleurer sur les ondes sa maison disparue. 

L’acteur aura même eu plus de temps d’antenne que le docteur Abu Safiya, capturé par l’armée d’occupation après la mise à l’arrêt de son hôpital. Le médecin a enfin été localisé dans la prison d’Ofer mais ses conditions de détention sont toujours inconnues. 

La bataille des chiffres

La ville de Los Angeles a diminué de 17 millions de dollars son budget de pompiers, mettant à mal le service public des secours. À mettre en regard des 610 millions de dollars d’impôt de l’État que représente la participation à l’envoi d’armes à Israël pour la Californie. Moins de guerre, plus de services publics !

Tandis que les flammes à Los Angeles ont entraîné la mort de plusieurs dizaines de personnes, une nouvelle étude parue dans The Lancet, le prestigieux journal de ­médecine, annonçait que le nombre de morts à Gaza était largement sous-évalué. The Lancet estime cette erreur à 40 %. Il y aurait donc près de 80 000 personnes tuées, soit 4 % de la population totale de l’enclave. 

Le coût écologique de la guerre

Les incendies de Los Angeles sont évidemment dus au réchauffement climatique dont les États-Unis sont largement responsables, puisqu’ils sont les plus grands producteurs de gaz à effet de serre. 

La guerre aussi produit du gaz à effet de serre. Dans les 60 jours qui ont suivi le 7 octobre 2023, l’agression israélienne a émis plus de gaz à effet de serre qu’une vingtaine de pays qui sont les plus vulnérables au réchauffement climatique en toute une année. Pour le seul mois d’octobre 2023, Israël a largué plus de 25 000 tonnes de bombes qui ont dégagé autant de CO2 que 150 000 tonnes de charbon. La totalité des vols aériens américains pour alimenter en armes et en équipement Israël représente 130 000 tonnes de CO2, soit la consommation annuelle d’un pays comme Granada dans les Caraïbes.

La destruction engendre les gravats, dont le déblayage pourrait prendre 15 ans. Il faudrait 40 milliards de dollars pour tout reconstruire à Gaza. Pour retrouver le produit intérieur brut antérieur à octobre 2023 (qui était par habitantE déjà 10 fois plus faible que celui d’Israël), il faudra 70 ans. Et ceci, s’il y a un arrêt du massacre. Or rien n’est moins sûr !

Appel à cesser le feu

La direction du Hamas a, comme plusieurs fois auparavant, accepté de signer sans modifier les protocoles d’accord pour un cessez-le-feu et l’échange de prisonnierEs. Mais, comme plusieurs fois auparavant, Netanyahou a précisé que libérer les otages n’était pas sa priorité. Donc même si les espoirs sont élevés pour l’instant (d’après l’administration américaine), c’est toujours l’horreur qui prédomine. 

Il n’y a pas que des riches qui ont tout perdu à Los Angeles. Altadena est un quartier historique noir et populaire qui a complètement disparu sous les flammes. Il a reçu lui aussi une moins bonne couverture médiatique. 

Les flammes brûlent sans distinction. À Los Angeles ou à Gaza, nous en connaissons les auteurs et les responsables. Nous nous en souviendrons. Il est plus que temps de faire cesser le feu.

Édouard Soulier