Le mouvement social, les travailleurEs, notamment ceux de la santé mobiliséEs depuis près de six mois, continuent de refuser la gestion, autoritaire, coloniale, capitaliste de la crise sanitaire en Martinique et en Guadeloupe. Certains élus ont eux aussi fait connaître leur désaccord avec cette gestion.
Malgré tout, le gouvernement et ses représentants sur place maintiennent envers et contre tout leur volonté de faire passer leurs mesures scélérates. Et bizarrement, des informations relatives aux taux de vaccination qu’il refusait de communiquer il n’y a pas si longtemps malgré les demandes répétées sortent comme par hasard !
Après l’arrestation scandaleuse d’Elie Domota, les propos de Macron contiennent l’aveu que l’objectif est pour lui, non de résoudre la crise, mais « d’emmerder les non-vaccinés » qui, en Martinique et en Guadeloupe, restent aujourd’hui encore la majorité de la population.
Naviguant dans le brouillard, le préfet de Martinique a court-circuité un atelier santé qui était supposé négocier une solution conciliant l’emploi des soignantEs, le paiement de leurs salaires, la protection sanitaire et de la population, le respect des droits et des libertés du plus grand nombre et une stratégie basée sur la conviction et non l’obligation.
Des souffrances alimentées par les autorités
Encouragés par la volonté du pouvoir d’opérer un passage en force, certains chefs d’établissement prétendent même pratiquer avec anticipation les mesures scélérates programmées. Dans un tel contexte, la souffrance des soignantEs n’est pas prise en compte ; un médecin s’est suicidé en Guadeloupe, deux à la Martinique.
Même s’il y a toujours une part de mystère derrière tout suicide, on ne peut considérer ces tragédies comme de simples faits divers. N’est pas anodine non plus la pluie d’arrêts maladie qui s’abat sur le secteur hospitalier. Les consultations psychologiques explosent ; y voir une simple façon de fuir l’obligation vaccinale ou la surcharge de travail a quelque chose de réducteur voire de méprisant.
C’est en tout cas refuser de comprendre une idée de base : on ne combat pas efficacement une pandémie en ne cherchant pas à le faire avec la population. « Emmerder » les non-vaccinés au lieu de les convaincre, voilà le crime ; la pénurie, le manque d’empathie, l’entêtement autoritaire, l’incohérence, la légèreté créent et alimentent les souffrances.
Des organisations politiques, syndicales, associatives dénoncent cette politique décidée au mépris des manifestantEs toujours mobilisés et d’éluEs s’étant prononcés contre l’obligation vaccinale. Le gouvernement français fait des simulacres de réponse au lieu de vraies solutions garantissant le maintien des droits des soignantEs opposés à la politique sanitaire officielle, la continuité des soins, des moyens pour la santé et la prise en compte des revendications de la plateforme intersyndicale de grève. De vraies solutions passeraient par des négociations sérieuses (et respectueuses) au lieu de l’arrogance et du mépris de l’État colonial. La mobilisation continue, même si des divergences en limitent l’efficacité.