La ministre des Outre-mer effectuait sa visite en Kanaky - Nouvelle-Calédonie du 10 au 14 novembre. Alors qu’elle annonçait au début de son voyage qu’elle « voulait seulement écouter et comprendre », elle a annoncé la tenue d’une consultation citoyenne locale en février 2026 sur l’accord de Bougival.
Le gouvernement avait obtenu le report des élections provinciales au printemps 2026 à condition qu’il permette de mener des consultations dans le territoire auprès des forces politiques et de la société civile pour arriver à un accord consensuel. Ce voyage devait permettre de mener ces consultations et, notamment, de faire revenir le Front de libération kanak et socialiste, FLNKS, à la table des négociations. Celui-ci a d’ailleurs remis un projet d’entente-cadre pour l’indépendance.
Une consultation sur un accord non finalisé
Mais à la fin de son voyage, Naïma Moutchou inverse le calendrier et veut faire valider le projet de Bougival par une consultation citoyenne. Le problème c’est que cet accord n’est pas finalisé et encore moins consensuel. Le Sénat coutumier et le FLNKS refusent le projet d’accord et l’Uni, qui regroupe l’Union progressiste mélanésienne et le Parti de la libération kanak, Palika, veut obtenir des garanties pour que le transfert des compétences régaliennes ne soit pas bloqué par une majorité des trois cinquièmes au congrès du territoire.
Une consultation qui ne s’appuie sur aucun texte constitutionnel
Concernant les modifications de la loi organique comme veut le faire le projet d’accord de Bougival, ce sont les accords de Nouméa qui en ont fixé le cadre. Il faut un référendum avec le corps électoral spécial gelé, ainsi que l’a confirmé le Conseil constitutionnel il y a deux mois. Cette consultation citoyenne ne s’appuie sur aucun texte et n’aura pas de valeur juridique.
Aucun budget prévu pour la reconstruction du territoire
Les difficultés que rencontre le secteur du nickel, le chômage qui touche la jeunesse, ainsi que la crise économique nécessitent des milliards d’euros. Mais rien n’est prévu dans le budget 2026 pour la Kanaky - Nouvelle-Calédonie. C’était bien sûr une condition à la signature de Bougival par certaines forces indépendantistes et aussi par les non-indépendantistes.
C’est Naïma Moutchou elle-même qui a dévoilé l’objet de la manœuvre : « la trajectoire vers l’indépendance ne s’inscrit pas dans une démarche de consensus ». Son problème c’est que l’indépendance est inscrite dans les accords de Nouméa et qu’elle est un obstacle à la stratégie militaire et économique que Macron a définie pour l’Indopacifique.
Après l’organisation du troisième référendum sans les Kanak en 2021 et le dégel du corps électoral en 2023, cette consultation est donc un nouveau passage en force de la macronie pour sortir du chemin vers l’indépendance.
Francois - Montreuil