Après le deuxième tour des élections qui s’est traduit par la victoire d’Alpha Condé, le mouvement social attend des réformes dans le pays.La victoire avec 52 % des voix au second tour de l’élection présidentielle du dirigeant du RPG, Alpha Condé, est une surprise alors qu’au premier tour il n’avait obtenu que 18 % des voix face à son rival Cellou Dalein Diallo qui en comptait plus du double. Ce retournement tient à la constitution du large font électoral où se sont retrouvés des candidats du premier tour, anciens ministres du dictateur Lansana Conté, ou des partisans du capitane Dadis Camara, impliqué dans le massacre du stade de Conakry1.Contrairement à Cellou Dalein Diallo, l’ancien Premier ministre de Lansana Conté qui passa le plus clair de son temps entre le FMI et la Banque centrale américaine, la biographie du nouveau président, Alpha Condé, est plus sympathique. Ancien dirigeant d’une organisation étudiante anti-impérialiste, proche des milieux marxistes, il resta un opposant acharné aux dictatures de Guinée. Cela n’en fait pas pour autant un partisan de la rupture avec le système néocolonial. Désormais adhérent à l’Internationale socialiste, il s’est évertué à donner des gages de continuité du système.Les élections se sont terminées par des tensions ethniques préoccupantes qui ont provoqué au moins sept morts à cause de la férocité avec laquelle la police et l’armée sont intervenues. Ces conflits ethniques sont alimentés par la misère. La plupart des quartiers populaires n’ont ni électricité ni eau courante, les systèmes sanitaire et éducatif sont délabrés et le chômage est endémique. Les carences de l’État sont telles que chacun se réfugie dans sa communauté. Les partis politiques, qu’ils le veuillent ou non, reflètent les différentes communautés composant la Guinée et leurs candidats n’ont pas été irréprochables en matière de discours ethnique.Alpha Condé hérite d’un pays profondément divisé avec une armée qui continue de représenter un danger pour les libertés publiques. Un pays aussi gangrené par la corruption et le trafic de drogue au plus haut niveau de l’État.Les premières déclarations d’Alpha Condé ne devraient pas inquiéter l’impérialisme. Pour réformer l’armée, il compte sur l’aide des États-Unis et de la France et reste d’une grande prudence pour les contrats d’exploitation des mines de bauxite : « Il y a des contrats scandaleux et certains sont en effet peut-être à revoir […] il ne s’agit pas que de renégocier, il faut établir une véritable politique en ce domaine et la Banque mondiale peut nous y aider ». Les élections présidentielles ont provoqué un attentisme dans le mouvement social, y compris dans les organisations syndicales particulièrement puissantes dans le pays. Elles peuvent maintenant exiger la fin de l’impunité des responsables des nombreuses répressions, la pleine transparence sur tous les contrats miniers et imposer que leurs bénéfices financent les besoins sociaux des populations.Paul Martial1. Le 28 septembre 2009, une manifestation pacifique organisée par l’opposition au stade de Conakry est violemment réprimée par l’armée qui tire dans la foule, faisant plus de 150 morts.