Publié le Vendredi 10 décembre 2010 à 15h47.

Guinée: fragile avènement démocratique après un demi-siècle de pouvoir autoritaire

Nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage»: telle fut la réponse lancée à De Gaulle par Ahmed Sékou Touré lors du Référendum de 1958, rejetant ainsi la proposition du Général concernant l’intégration des colonies de l’A.O.F (Afrique Occidentale Française) au sein d’une Communauté française. La Guinée accède ainsi à l’Indépendance le 2 octobre 1958. Vexée, la France retira immédiatement son administration ainsi que ses cadres, laissant une Guinée déstabilisée, ignorant même la demande d’association à la communauté proposée par Sékou Touré.

Chantre du panafricanisme et de l’unité africaine, Sékou Touré forme le 1er mai 1959 une union (de courte durée) avec le Ghana de Kwamé Krumah (père du panafricanisme), rejoint par la suite en décembre 1960 par le Mali de Modibo Keïta. Mais au bout de quelques années, le dirigeant guinéen se transforme en dictateur sanguinaire, enfermant ses opposants au tristement célèbre camp Boiro où beaucoup y perdirent la vie. Il restera au pouvoir jusqu’à sa mort en 1984 soit 26 ans. Un coup d’Etat militaire porte alors Lansana Conté au pouvoir qui y restera jusqu’à sa mort le 22 décembre 2008, après 24 ans de règne autoritaire. Il aura néanmoins introduit le multipartisme en 1993 sous la pression des bailleurs de fonds.

 

Au lendemain du décès de Conté, un nouveau coup d’Etat porte Moussa Dadis Camara à la tête de la Guinée. Un des actes les plus tristements marquants de son passage au pouvoir aura été le massacre du 28 septembre 2009 où des dizaines de Guinéen-ne-s furent tué-e-s et d’autres blessé-e-s ou violé-e-s par les membres de la junte militaire. Blessé par son aide de camp qui lui tire dessus, il abandonne par la suite le pouvoir au profit du Général de brigade Sékouba Konaté qui a la charge d’organiser de nouvelles élections.

Celles-ci opposent au second tour le 7 novembre 2010 l’opposant historique à tous les régimes dictatoriaux de Guinée Alpha Condé (18,25% au premier tour) à l’ancien premier ministre de Lansana Conté, Cellou Dalein Diallo (43,69% des voix). Les élections font cependant ressortir les clivages ethniques et même si l’armée ainsi que les hommes politiques appellent à la modération des ardeurs, il est à espérer pour ce pays, marqué par 50 ans de dictature, qu’enfin le jour de la démocratie se lève tellement ces élections sont historiques pour les Guinéen-ne-s.

L’opposant historique Alpha Condé a finalement remporté la présidentielle guinéenne. En effet, selon les résultats provisoires publiés par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), le leader Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) aurait récolté 52,52% des suffrages contre 47,48% pour Cellou Dalein Diallo, le chef de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG).

Moulzo