Militant révolutionnaire, antisioniste et anti-impérialiste marocain, Abraham Serfaty est mort jeudi 18 novembre à l’âge de 83 ans.Il a payé son combat contre la dictature d’Hassan ii de quinze mois de clandestinité, dix-sept ans de prison à Kénitra et huit ans de bannissement. Né dans une famille juive de Tanger, il adhère aux Jeunesses communistes marocaines en 1944, puis en 1945 en France au PCF et, de retour au Maroc en 1949, au Parti communiste marocain...Militant anticolonialiste, il est arrêté en 1950, emprisonné et assigné à résidence en France jusqu’en 1956. Après l’indépendance, devenu l’un des hauts responsables de l’Office chérifien des phosphates, il est révoqué en 1958 pour son soutien à la grève des mineurs.En 1966 il crée avec le poète Abdellatif Laabi la revue Souffles qui, rapidement, regroupe autour d’elle de nombreux intellectuels avec un retentissement certain au niveau international. Après 1968, il rompt avec le Parti communiste trop opportuniste et conciliant avec le pouvoir d’Hassan ii. Il participe à la fondation de l’organisation marxiste-léniniste Ila Al Amame (En avant), devenue aujourd’hui An-nahj Ad-dimoukrati (La Voie démocratique). En 1972 il est arrêté et torturé. Libéré grâce à de puissantes manifestations des étudiants, il entre dans la clandestinité et est à nouveau arrêté en 1974. Condamné à la prison à perpétuité, il est libéré en 1991, déchu de sa nationalité pour son soutien au peuple sahraoui et expulsé vers la France. En 2000, Mohammed vi l’autorise à rentrer au Maroc et son passeport marocain lui est restitué.Il pense alors que le Maroc peut, avec le nouveau roi, s’orienter vers des changements démocratiques significatifs, ce qui l’éloigne de ses camarades de combat et de prison. Il n’a jamais cessé, cependant, de condamner les atteintes aux libertés, de la presse en particulier, ni de réaffirmer son soutien à la lutte du peuple palestinien et, surtout, n’a jamais remis en cause ses combats passés. C’est à ce titre que ses funérailles ont été accompagnées par une foule nombreuse et par ses compagnons de lutte en mémoire de son passé militant. Alain Castan