La campagne pour les élections du 25 septembre bat son plein en Italie.
Il s’agit d’élections anticipées par rapport à l’échéance normale (le printemps prochain) suite à la crise du gouvernement Draghi impacté par les contradictions produites par la profonde crise sociale et les retombées de la guerre en Ukraine.
L’extrême droite en tête
Tous les sondages donnent la victoire à la coalition des droites et des extrêmes droites composée de Forza Italia de Berlusconi, de la Ligue de Salvini, de Fratelli d’Italia de Meloni et d’alliés peu importants ; ce sont toutes des organisations très nettement pro-patronales, réactionnaires, xénophobes et même fascisantes.
Aujourd’hui, Fratelli d’Italia est donné à 24 %, le Parti démocrate autour de 22 %, la Ligue et le Mouvement 5 Étoiles tous les deux à 13 %, le prétendu Centre de Calensa à 5-6 % ; on ne sait pas si la liste Verts-Sinistra italiana, alliée au Parti démocrate, dépassera les 3 %; la coalition de la gauche radicale, l’Union populaire, est en hausse mais, pour le moment, elle est sous le seuil des 3 %.
L’inflation galopante qui accable les classes populaires, l’augmentation des produits énergétiques qui menace la survie de centaines de milliers d’activités, ainsi que la crise du gaz, sont déterminantes dans cette campagne électorale. Meloni, « patriote » mais aussi atlantiste, qui revendique déjà la charge de Première ministre et qui propose de changer la Constitution dans un sens présidentiel, évolue avec précaution sur le plan économique, en lien avec Draghi lui-même et en dialogue avec les classes politiques et financières internationales, car elle est préoccupée par une possible aggravation, à l’automne, de la crise économique.
Fratelli d’Italia est l’héritier du Mouvement social italien (MSI), lui-même héritier du fascisme ; sur son logo brille toujours la flamme tricolore présente sur le cercueil de Mussolini ; si Meloni devient Première ministre, ce sera 100 ans après la conquête du pouvoir par Mussolini, fait symbolique et politique inquiétant, aux pesantes retombées sur le climat réactionnaire d’ensemble du pays. Un gouvernement des forces de droite et fascisantes créera de nouvelles et terribles difficultés pour les classes subalternes, d’abord les secteurs les plus fragiles, les travailleurEs migrants, les pauvres, les chômeurEs et les femmes ; les forces anticapitalistes, démocratiques et antifascistes doivent se préparer à relever de nouveaux défis. La bourgeoisie italienne, même si elle préfèrerait continuer avec un gouvernement comme celui de Draghi, utilisera sans problème contre les travailleurEs, pour défendre ses intérêts, le gouvernement des droites.
Les impasses du Parti démocrate
Le Parti démocrate prétend être de gauche et constituer une alternative aux différentes droites (avec lesquelles il a gouverné) mais, en réalité, depuis longtemps, il est le parti qui se comporte comme le gestionnaire le plus authentique, le plus cohérent et, bien entendu, le plus « démocratique » des choix politiques et économiques de la grande bourgeoisie italienne et européenne, tels que le projet capitaliste de l’UE les exprime ; voilà pourquoi il partage totalement la politique de Draghi et qu’il est aussi la force politique qui est pour la plus stricte observance du pacte atlantique, c’est-à-dire en convergence avec l’Otan et l’impérialisme étatsunien, comme Fratelli d’Italia.
Les deux forces principales de la gauche radicale, Rifondazione et Potere al Popolo, ont créé la liste Union populaire avec quatre députées (en rupture avec le Mouvement 5 Étoiles qui ont constitué le groupe parlementaire « ManifestA ») et le Mouvement de De Magistris, déjà maire de Naples, avec un programme démocratique et social alternatif, réussissant en deux semaines à récolter les 100 000 signatures garantissant ainsi leur présence dans tout le pays.
Au-delà de la verticalité avec laquelle a été composée cette coalition et de quelques limites politiques, elle est la seule liste alternative aux politiques des partis pro-patronaux et elle mérite que l’on vote pour elle.
La campagne et le vote contre les droites et les autres forces qui représentent les intérêts des classes dominantes sont importants, mais ils doivent être menés en lien étroit avec la lutte sociale, pour déclencher les mobilisations sur des contenus alternatifs à partir desquels se construira l’émergence de différents mouvements de lutte et leur convergence.
Quelques échéances sont déjà programmées, nous y reviendrons dans nos colonnes.
Traduction Bernard Chamayou