Publié le Jeudi 20 janvier 2011 à 14h07.

La révolution tunisienne montre la voie

Le peuple tunisien vient de démontrer avec éclat qu’aucune dictature, même soutenue par les plus grandes puissances politiques et financières, n’est éternelle. Ben Ali, le dictateur honni, a fui honteusement, comme naguère Ceausescu avait fui son palais. Les colosses aux pieds d’argile ne peuvent rien lorsque les peuples se lèvent et décident collectivement deleur sort.Il est aujourd’hui trop tôt pour évaluer les rebondissements institutionnels de la nouvelle situation en Tunisie, l’histoire de cette révolution ne fait que commencer.

Mais comment ne pas voir à quel point l’exemple tunisien télescope d’autres réalités vécues, tout aussi dramatiques, que ce soit l’absence de libertés démocratiques élémentaires ou l’accaparement des richesses par une minorité de privilégiés ! Comment ne pas entendre en écho les jeunes manifestants algériens quand ils réclament au même moment des emplois et un logement et que certains d’entre eux vont jusqu’à s’immoler par le feu, suivant l’exemple de Mohamed Bouazizi. Le gouvernement algérien croit-il pouvoir encore longtemps museler une jeunesse, elle aussi avide de liberté ? Croit-il qu’en choisissant la voie de la répression comme il le fait en arrêtant Ahmed Badaoui, principal animateur de l’association pour les libertés syndicales, il pourra échapper à la lame de fond de l’urgence démocratique qui s’exprime au Maghreb ?Au-delà de la Tunisie et de l’Algérie, la plupart des États réactionnaires du Maghreb et du Moyen-Orient sont secoués par des mouvements populaires massifs de riposte aux effets de la crise. Le « modèle tunisien » monté en épingle par les charlatans du FMI et de la Banque mondiale voulait cacher l’absence de liberté et la réalité sociale dramatique que vivait la plus grande partie de la population. Ils entendaient imposer les mêmes crédos du libéralisme aux États membres de la Ligue arabe et à leurs habitants. Le mouvement populaire tunisien a su abattre la dictature de Ben Ali, il en reste une, toujours en place à laquelle nous devons nous attaquer : la dictature du FMI !

Alain Pojolat