La campagne électorale et la victoire éclatante de Zohran Mamdani lors des primaires démocrates pour la mairie de New York, le 24 juin dernier, ont un impact considérable sur la politique américaine.
Zohran Mamdani, musulman de 33 ans né en Ouganda de parents indiens, représentant de l’État et membre de DSA (Democratic Socialists of America), a battu Andrew Cuomo, un puissant homme politique de 67 ans qui a mené une campagne électorale de plusieurs millions de dollars. Cuomo a dû démissionner de son poste de gouverneur après avoir été accusé par 13 femmes de les avoir harcelées sexuellement. Il bénéficiait néanmoins du soutien de nombreux syndicats importants et d’intérêts financiers et immobiliers.
Une élection qui a un poids politique
Mamdani, quant à lui, a mené une campagne électorale appelant à un gel des loyers, à la gratuité des bus et à la gratuité des services de garde d’enfants, le tout financé par l’imposition des riches New-YorkaisEs et des entreprises, et il a critiqué le génocide perpétré par Israël à Gaza. Son message a inspiré les jeunes et a attiré des milliers de nouveaux électeurs aux urnes. Il pourrait remporter l’élection générale du 4 novembre.
L’élection du maire de New York est importante car elle déterminera l’avenir de la plus grande ville du pays, qui compte 8,26 millions d’habitantEs et une agglomération de 22 millions d’habitantEs. C’est un point d’entrée pour les immigrantEs et l’une des villes les plus diversifiées du pays. Elle abrite la Bourse de New York et bon nombre des banques les plus importantes telles que JPMorgan Chase, Goldman Sachs et Morgan Stanley, ce qui en fait la capitale financière du pays. Elle est également le siège des Nations unies. Avec ses théâtres, ses musées, ses galeries et ses salles de concert, elle est également la capitale culturelle du pays. Le maire de New York a un profil politique et un poids comparables à ceux d’un gouverneur.
Des candidats « démocrates » face à Mamdani
Mamdani et DSA ont organisé une armée de 50 000 bénévoles qui ont frappé à la porte d’un million de New-Yorkais. Le sénateur progressiste Bernie Sanders et la députée Alexandria Ocasio-Cortez l’ont soutenu. À New York, 68 % des électeurs sont démocrates et seulement 30 % républicains, de sorte que le vainqueur de la primaire démocrate remporte généralement l’élection. Cette fois-ci, la situation est plus compliquée.
Andrew Cuomo, malgré sa défaite aux primaires, prévoit de se présenter en tant qu’indépendant et bénéficiera à nouveau du soutien des milieux financiers et immobiliers, même si certains syndicats l’ont abandonné au profit de Mamdani.
Le maire sortant, Eric Adams, sera également candidat. Il s’est présenté aux élections sous la bannière démocrate avec un programme conservateur axé sur la loi et l’ordre, et a nommé ses amis et sa famille à des postes municipaux. Lorsque Joe Biden était président, en septembre 2024, le ministère américain de la Justice a inculpé Adams pour corruption, complot, fraude et deux chefs d’accusation pour avoir sollicité des dons de campagne illégaux provenant de l’étranger, et il devait être jugé. Mais après l’élection de Donald Trump, le ministère de la Justice a abandonné les poursuites, apparemment en raison de la promesse d’Adams de laisser l’ICE (Immigration and Customs Enforcement, la police de l’immigration) agir librement dans la ville. L’accord conclu entre Adams et Trump a retourné de nombreux Démocrates contre lui. Comme Cuomo, il bénéficie toutefois du soutien de nombreux acteurs du monde de la finance et de l’immobilier. Cuomo ou Adams pourraient former une coalition regroupant les Démocrates conservateurs et les électeurs républicains.
Le candidat républicain à la mairie, Curtis Silwa, chef des Guardian Angeles, une organisation policière bénévole et non armée, a été invité par certains membres de son parti à se retirer pour aider Adams. Mais il affirme qu’il restera dans la course.
Les milliardaires barreront la route de Mamdani
Mamdani est musulman, ce qui soulève la question du vote juif. Les Juifs ne représentent que 2,4 % de la population américaine, mais ils constituent 18 % de la population de New York. Mamdani est antisioniste, mais les organisations et les dirigeants juifs l’attaquent en le qualifiant d’antisémite. Le vote juif était divisé, de nombreux jeunes juifs ayant voté pour Mamdani. Les Républicains l’accusent d’être lié au 11 septembre, au Hamas et au terrorisme. Le député républicain Andy Ogles a demandé l’expulsion de Mamdani.
La campagne, le programme et la victoire de Mamdani ouvrent une nouvelle voie possible pour les Démocrates et la gauche, mais il sera difficile de battre les milliardaires.
Dan La Botz, traduit par la rédaction