Alors que le nouveau ministre de l’Intérieur Gérard Collomb affirme droit dans ses bottes « qu’il n’y aura pas d’appel d’air à Calais pour les migrants » en dépit de l’indignation de l’ensemble des organisations humanitaires et de Jacques Toubon le Défenseur des droits, alors que Cédric Villani (« le matheux ») pointe l’immigration comme responsable des difficultés que rencontre le système éducatif français (!), Le Haut Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) vient de publier un rapport qui fait froid dans le dos.
Le 20 juin, à l’occasion de la journée mondiale des réfugiés, le HCR vient de donner quelques chiffres très alarmants sur l’accroissement du nombre de personnes fuyant la misère et les zones de guerre, contraintes à l’exil. Ce nombre a doublé en 20 ans, et la période 2012-2016 atteint un pic dont l’explication n’est autre que la guerre en Syrie (20 % des SyrienEs sont à l’étranger), les guerres civiles au Soudan et en Erythrée.
En 2016, 10 millions de personnes ont dû fuir des violences, soit une personne déplacée toutes les 3 secondes, portant à 65 millions le total des migrantEs et réfugiéEs, 60 % à l’intérieur de leur propre pays (Syrie, Irak, Colombie).
Une Europe bien peu accueillante
Alors que l’Union européenne porte une responsabilité écrasante dans les guerres impérialistes menées au Moyen-Orient et en Afrique, ses pays sont les moins accueillants pour les populations civiles qui quittent les zones de guerre. Avec 1,3 million de réfugiéEs, l’Allemagne n’apparaît qu’au huitième rang mondial, loin derrière les pays dits émergents, loin derrière des pays comme le Liban, la Jordanie ou la Turquie. Avec ses 36 234 régularisations octroyées en 2016, la France figure en queue de peloton... Un comble pour un pays qui n’arrête pas de donner des leçons d’humanité et de « défense des droits humains » à la terre entière !
Les enfants en danger
L’information la plus effrayante contenue dans le rapport du HCR est sans conteste le fait qu’unE réfugiéE sur deux est unE enfant ou unE jeune mineurE ! Séparés de leur famille, confiés à des amiEs, rescapés d’un naufrage en Méditerranée, on les retrouve sur les campements, à Calais ou ailleurs, recréant leur propre communauté – même s’ils bénéficient du soutien de leur communauté – livrés à eux-mêmes, organisant leur propre survie, « accueillis » avec réticence, en dépit des règles internationales en vigueur dans les pays censés les secourir. On se souvient lors de la destruction de la « jungle » de Calais du tri infâme effectué par les polices françaises et britanniques, examinant la morphologie dentaire de chaque gosse pour déterminer s’il/elle était mineurE ou majeurE... On se souvient de ces centaines d’enfants terrorisés, traqués, fuyant les flics, contraints de se cacher dans les parcs...
Une mobilisation d’ampleur s’impose
La situation faite aux migrantEs et réfugiéEs est connue de tous. Les résistances s’organisent. À La Roya, à Paris, dans le Calaisis, autour des CAO... des centaines de citoyenEs pratiquent des solidarités actives pour lesquelles ils sont poursuiviEs par la justice... Les organisations de soutien aux réfugiés et sans-papiers dénoncent les politiques criminelles des gouvernements qui se sont succédé, et pourtant rien ne bouge ! Il est de la responsabilité des anti-capitalistes de sortir rapidement des incantations, et de mettre la question des réfugiéEs au cœur de nos mobilisations.
Alain Pojolat