Le gouvernement de coalition Netanyahou est incapable d’affiner ses buts de guerre, pris entre ceux qui veulent éradiquer les PalestinienEs de la bande de Gaza, ceux qui optent pour une réoccupation militaire, et ceux qui veulent la séparer par un nouveau no man’s land. Dans ce contexte, la politique israélienne se limite à poursuivre une guerre sans but, au risque de déstabiliser l’ensemble de la région.
Cette situation inquiète les régimes réactionnaires du monde arabe, en particulier l’Arabie saoudite, la Jordanie et l’Égypte, qui craignent que la bande de Gaza ne se transforme en une nouvelle zone de chaos, susceptible de provoquer une déstabilisation générale de la région, dont pourraient tirer parti l’Iran et ses alliés. La politique israélienne commence aussi à inquiéter l’administration Biden, qui après avoir laissé dans un premier temps carte blanche au gouvernement Netanyahou, commence à s’alarmer des conséquences de cette guerre sur l’élection présidentielle de novembre 2024.
Les États-Unis en quête d’une solution… antidémocratique
À un an de sa réélection attendue, l’administration Biden ne peut se mettre à dos l’électorat démocrate, de plus en plus acquis à la cause palestinienne. S’il ne s’est pas encore résolu à appeler à un cessez-le-feu, Biden ne peut que constater que le soutien inconditionnel qu’il a apporté à Israël affaiblit dangereusement sa situation dans son propre parti, où les jeunes démocrates menacent de ne pas voter pour lui s’il n’infléchit pas sa position. Alors que les sondages commencent à l’annoncer battu à la prochaine présidentielle, Biden a un besoin urgent de trouver une porte de sortie.
Au-delà du cessez-le-feu, dont la nécessité semble chaque jour s’imposer un peu plus, les États-Unis et les puissances arabes ont besoin de trouver une issue politique, autrement dit de désigner l’autorité qui aura demain à gérer le vaste champ de ruines et de haines que Netanyahou est en train de produire à Gaza. Se refusant à traiter avec aucun des mouvements de la résistance palestinienne, y compris avec les milices du Fatah et leur leader Marwan Barghouti, jugé trop radical et incontrôlable, la diplomatie américaine est à la recherche d’une marionnette capable de s’imposer à Gaza, tout en y assurant la sécurité des intérêts israéliens. Mahmoud Abbas semblant trop discrédité pour jouer ce rôle, le nom de Mohammed Dahlan, un vieux politicien corrompu du Fatah est avancé. Une nouvelle fois, l’impérialisme est en train de travailler à une solution antidémocratique, destinée à imposer son propre ordre aux populations, et qui par là-même ne pourra apporter aucune solution durable.
Incohérence politique de l’Union européenne
Dans ce contexte, l’Union européenne et ses États brillent par leur absence et l’incohérence de leur politique. La palme revient à la France, qui s’est une nouvelle fois distinguée par l’amateurisme sans principe de son président. Après s’être tout d’abord engagé, à rebours des positions traditionnelles du Quai d’Orsay, dans un soutien sans nuance à Netanyahou, qui l’a amené à proposer le 24 octobre d’engager les forces françaises au côté d’Israël dans une coalition internationale contre le Hamas, Macron en est arrivé à appeler le 11 novembre au cessez-le feu, achevant de ruiner par ses gesticulations sans lendemain le peu de crédit que la diplomatie française avait dans ces régions.