Le parti de Vladimir Poutine, « Russie Unie », est arrivé largement en tête des élections locales en Russie. C’est le résultat de fraudes massives qui se sont déroulées dans un climat d’intimidation et d’arrestations des militants démocratiques.
Le 11 octobre ont eu lieu en Russie des élections régionales, municipales et de districts. Le degré de falsification a atteint un tel point que, pour la première fois dans le pays, les électeurs sont sortis dans la rue pour exprimer leur colère.
C’est le cas notamment à Moscou, dans les républiques du Daghestan et des Maris, dans la région de Toula (sud de Moscou) et dans la ville d’Astrakhan (mer Caspienne), où les habitants élisaient leur maire.
À Moscou, de nombreux candidats de l’opposition n’ont pas eu le droit de se présenter et les partis d’opposition n’ont pas eu accès aux médias. Un rassemblement de protestation contre les fraudes électorales a eu lieu le 16 octobre. Des députés y ont participé et des militants ont témoigné des nombreuses fraudes auxquelles ils ont assisté. Ils demandent l’annulation des élections. Ce rassemblement pacifique à été dispersé par les Omon, les forces spéciales du ministère de l’Intérieur. Six militants ont été arrêtés de manière très violente, dont Carine Clément1, responsable de l’Institut de l’action collective (IKD) à Moscou. Une femme a été traînée 30 mètres sur le sol pour être embarquée. D’autres militants, venus protester devant le poste de police où les militants étaient enfermés dans des cages, ont eux-mêmes été arrêtés.
À Astrakhan, le maire sortant, Sergeï Bojenov, a utilisé des méthodes de gangster afin d’empêcher son opposant, le député à la Douma Oleg Shein, d’être élu. Oleg Shein, coprésident du syndicat Zachita Truda (Défense du travail) et de l’Union des habitants, proposait un programme axé sur les thèmes de l’autogestion (des logements par les habitants, association des comités de quartier à la prise de décision), de la lutte contre la corruption et l’arbitraire, du développement du petit commerce.
Un film documentaire, Le Coup des gangsters d*fAstrakhan, a été tourné sur ces méthodes et sera présenté à la presse. Dès le lendemain des élections, de jeunes militants soutenant Oleg Shein ont établi un camp de toile, le « Maidan d’Astrakhan », au centre de la ville. Devant ce camp, des manifestations ont lieu tous les jours pour soutenir les revendications des habitants, demander l’annulation des élections et l’organisation de nouvelles élections, libres et démocratiques.
Correspondant
1.Lire son interview dans Tout est à nous ! La revue n° 3
Message d’Oleg Shein aux mouvements sociaux, syndicaux, aux organisations politiques de gauche en Russie et à l’étranger.
Le 11 octobre, on a volé la victoire aux habitants d’Astrakhan, à ceux qui pensent librement et font preuve de sens citoyen. […] À la suite de falsifications massives et de l’usage de méthodes criminelles, le maire sortant, affilié à Russie Unie, a remporté 65 % des voix, contre 27 % au candidat de l’opposition et des mouvements sociaux que je représente. Ces chiffres ne sont rien d’autre qu’une fiction.
Depuis le 12 octobre, au centre d’Astrakhan, a été planté un camp de tentes . […] Chaque soir ont lieu des rassemblements au cours desquels plusieurs centaines de militants et d’électeurs viennent manifester leur colère par les slogans « Rendez Astrakhan à ses habitants ! », « Non au pouvoir des bandits à Astrakhan ».
Dans les rues d’Astrakhan les gens sont sous le choc, ils ont le sentiment de s’être fait voler leur voix. Il n’y a pas que le problème des falsifications, il y a les nombreux passages à tabac des militants et des observateurs, la mise à l’écart des observateurs de l’opposition lors du comptage des voix et même des arrestations.