A quoi donc a pu servir la Mission d’observation des élections européennes (MOE) au Togo? Cette dernière a relevé de nombreuses irrégularités lors des élections présidentielles de mars 2010 qui ont permis à Faure Gnassingbé de se maintenir au pouvoir: listes électorales non fiables et partisanes, achat massif des consciences avec l’opération «le riz c’est mon Faure» vendu à 20% de sa valeur, distribution à travers le pays de micro-crédits non remboursables si Faure remportait les élections, centralisation des votes n’utilisant pas les moyens mis à disposition par l’Union européenne (UE), notamment les communications satellitaires; sans compter l’intervention des forces de l’ordre au QG électoral de l’opposition qui a détruit toutes les preuves qu’elle avait amassé des fraudes commises lors du scrutin. L’ensemble de ces faits et bien d’autres, ont été mentionnés dans le rapport de la MOE, mais l’Union européenne a entériné les élections.
Désormais, les puissances impérialistes exportent des élections génétiquement modifiées non utilisables pour les démocraties occidentales, mais parfaites pour les pays africains, le but étant de faire passer des dictateurs pour des Présidents démocratiquement élus et ainsi continuer sans encombre un business lucratif pour leurs grandes entreprises. C’est ce qui s’est passé pour le Togo. Une fois la mascarade électorale avalisée, une fois Gnassingbé Faure déclaré fréquentable, l’habillage démocratique est installé, les affaires peuvent reprendre et les aides de l’UE se déverser sur le pays.
C’est ainsi que 7,9 milliard de CFA ont été versés au titre du mécanisme V-FLEX (Vulnérabilité FLuctuation des recettes d’EXportation) qui sert à pallier le ralentissement économique du fait de la crise mondiale. Des fonds qui, in fine, vont bénéficier aux plus grandes entreprises du Togo qui sont des filiales des grandes entreprises européennes. 23 milliard de FCFA distribués dans le cadre de l’ABG (programme d’Appui Budgétaire Général), somme qui va directement au Gouvernement togolais qui n’hésitera pas à faire des dépenses de prestiges, même si une partie revient à la France pour l’achat d’équipements pour la police et la gendarmerie et l’armée togolaise. 10 milliard donnés dans le cadre de l’ABRP (Appui Budgétaire de la Réduction de la Pauvreté) dont une grande partie pour le Food Facility, là encore jackpot pour les entreprises de l’agro alimentaire.
Au Togo comme au Gabon, en Mauritanie, au Congo-Brazzaville, etc., les élections servent souvent à maquiller les dictateurs en présidents «respectables» pour permettre les relations économiques avec ces pays, malgré les atteintes démocratiques.. Les dictatures africaines ont toujours bénéficié de la complicité active des gouvernements français successifs, elles viennent de gagner l’oreille complaisante de l’Union Européenne. Normal, puisque les deux sont au service des multinationales.