Publié le Mardi 5 mai 2020 à 13h29.

Trump fait passer les profits avant la santé alors que le pays réouvre

Donald Trump a annoncé un plan en trois phases pour la réouverture du pays, bien que de nombreux experts médicaux ont exprimé des doutes et que 81% des AméricainEs pensent que nous ne devrions pas réouvrir avant qu'il ne soit sûr de le faire. En faisant passer les profits avant les gens, Trump met tout le pays en danger.

Au 3 mai, on comptait aux États-Unis plus de 1,1 million de cas de Covid-19 et 66 445 morts. Combien en aurons-nous de plus dans un mois avec cette dangereuse réouverture? Trump a, par exemple, ordonné l'ouverture d'usines d'emballage de viande, où il y a eu jusqu'à présent 5000 cas et 20 décès. Cela signifiera sûrement plus de morts.

Dans la première phase du plan Trump, les États affichant une tendance à la baisse du nombre de cas sur deux semaines peuvent autoriser la réouverture de nombreuses entreprises, cinémas, lieux de culte, salles de sport et gymnases si une stricte distanciation sociale est observée. Dix-huit gouverneurs d'État ont annoncé une réouverture partielle, même si certains de leurs États, comme la Géorgie, le Tennessee et le Colorado, ne montrent pas de tendance claire à la baisse du nombre des cas. Six autres États pourraient également réouvrir prochainement. Certains experts de la santé estiment qu'il n'y a toujours pas suffisamment de tests et de recherche de contacts, et ils craignent que la réouverture ne conduise à une deuxième vague de contagion.

L'extrême droite manifeste avec des armes

Des groupes d'extrême droite ont organisé des manifestations de protestation contre le confinement dans environ la moitié des États, certains arborant des croix gammées et des drapeaux confédérés (le drapeau du Sud esclavagiste d'avant la guerre civile) et portant souvent des armes à feu de grande puissance. Dans le Michigan, où le gouverneur Gretchen Whitmer a refusé de réouvrir l'État, un « rassemblement de patriotes américains » a attiré plusieurs centaines de manifestants, dont certains lourdement armés, qui ont envahi le parlement de l'État. Les manifestants proclament que le gouvernement les a « asservis » en les forçant à rester chez eux et en les empêchant de travailler.

Trump a encouragé les manifestants de droite en tweetant son soutien à la « libération » de divers États, a qualifié ces manifestants de « très bonnes personnes », réitérant les mots qu'il avait utilisés au moment des manifestations de Charlottesville en 2017 lorsqu'il avait qualifié les suprémacistes blancs de « personnes très convenables ». L'extrême droite, qui suscite beaucoup d'attention, reste peu nombreuse, mais agit avec audace et attire un public.

Une deuxième grande dépression

La situation économique est catastrophique, malgré près de 3000 milliards de dollars d'aide fédérale aux entreprises, aux hôpitaux ainsi qu’aux travailleurEs. Depuis le 30 mars, des millions de salariéEs ont déposé une demande de chômage, mais des millions d’autres n'ont pu le faire en raison de problèmes avec les systèmes de chômage des États, parce que ce sont des travailleurEs précaires ou bien des immigrantEs sans papiers. Certains estiment le taux de chômage actuel à 22%, ce que l'on n'avait pas vu depuis la Grande Dépression des années 1930. De nombreux et nombreuses salariéEs ont une assurance maladie liée à leur emploi, par conséquent 12,7 millions de travailleurEs auraient perdu leur couverture maladie.

La situation s'est améliorée, mais les infirmières et les personnels de santé continuent de protester contre le manque d'équipements de protection. D'autres travailleurEs, des chantiers navals aux restaurants, ont participé à 150 courtes grèves sauvages. Un appel à des grèves le 1er mai à Amazon, Whole Foods, Target, FedEx et d'autres sociétés n'a pas pu se concrétiser, bien qu'il y ait eu de petites actions de protestation. DSA (Democratic Socialist of America) développe des liens avec des groupes comme Labor Notes (centre d’éducation ouvrière) et le United Electrical Workers Union (syndicat des travailleurs de l’électricité).

Situation politique

Trump rejette la responsabilité du coronavirus sur la Chine et ses partisans le croient. Sa popularité reste à 43%. Mais un sondage récent montre que Biden pourrait battre Trump par 45% à 39% lors de l’élection présidentielle de novembre.

Biden est apparu à la télévision pour réfuter une accusation d'agression sexuelle portée par une ancienne assistante, et les femmes dirigeantes du Parti démocrate le soutiennent. Pour tenter de gagner les partisans de Bernie Sanders, Biden a accepté de laisser Bernie garder des centaines de délégués à la prochaine Convention du Parti démocrate, délégués auxquels il aurait dû renoncer car il est sorti de la course. Le stratagème vise à amener les partisans de Sanders à voter pour Biden. La plupart le feront, estimant que, avant tout, Trump doit partir.Traduction Henri Wilno