Publié le Dimanche 22 janvier 2012 à 18h51.

Une nouvelle étape dans la campagne unitaire pour un audit de la dette publique

Le retrait du triple A à la France par Standard & Poor's a donné un relief particulier aux échéances militantes du week-end consacrées à la dette : le samedi, la rencontre nationale des collectifs locaux d'audit citoyen de la dette et le dimanche, la journée de débat « Leur dette, notre démocratie » organisée par Attac et soutenue par Mediapart.

Alors que les représentants de la bourgeoisie et les commentateurs « autorisés » glosaient sur les conséquences de la perte du « trésor national », le samedi 14 janvier, des militantEs venuEs de toute la France ont cherché à s'approprier cette question et à mieux coordonner l'action des collectifs locaux qui ont émergé ces derniers mois.
Ces rencontres ont revêtu une importance particulière puisqu'il s'agissait de faire un point d'étape de la mobilisation et de poser les perspectives de cette campagne. En commissions, les principaux points abordés ont concerné « l'autoformation » permettant une meilleure compréhension des enjeux et de meilleurs argumentaires, les problématiques locales et l'interpellation des élus, l'élaboration d'un matériel militant propre à la campagne. Des débats en plénière ont porté sur la dette publique en général et la stratégie à adopter.
La participation plus importante que prévue (plus de 130 personnes venues dans le cadre de délégations), la qualité des échanges et la volonté de donner à cette campagne unitaire un esprit militant, tournée vers l'extérieur pour établir un rapport de forces, ont contribué au bilan nettement positif de ces rencontres. Le « Non de gauche » à la Constitution européenne est revenu comme une référence à l'heure où le couple Sarkozy-Merkel mitonne un nouveau traité d'austérité européenne. Il est important que les militantEs des collectifs locaux aient clairement donné mandat au collectif national d'assurer une plus grande visibilité à travers une apparition matérielle propre et le choix de dates de mobilisation nationale.
Ces rencontres ont indéniablement été une étape dans l'émergence de la campagne. Il s'agit désormais de la rendre incontournable dans le paysage social et politique, d'élargir ses réseaux militants et son implantation géographique.
Même s'il ne s'agissait pas d'une initiative relevant directement de la campagne pour un audit de la dette publique, la journée de débat organisée par Attac a été le prolongement « naturel » du samedi. Là également, le succès en termes de participation est indéniable : 800 participantEs le dimanche matin et autant l'après-midi, si bien que de nombreuses personnes n'ont pas pu assister aux débats qui se sont tenus sous la forme de plusieurs tables rondes. Celles-ci couvraient un grand ensemble de thèmes : les enjeux de « l'audit citoyen », les mouvements des « IndignéEs » avec des représentantEs de différents pays (Grèce, Portugal, États-Unis, Espagne...), qui ont témoigné de leurs expériences riches sans les enjoliver, et de « l'avenir » de la crise économique en Europe... Il est clair que la dette publique percute toute la civilisation capitaliste. C'est particulièrement évident en ce qui concerne le thème de la réappropriation de la démocratie. Ainsi, s'il s'agit de ne pas fétichiser les assemblées d'Indignados ou d'Occupy Wall Street, elles portent une rupture concrète, de masse entre le parlementarisme bourgeois et une pratique démocratique effective incompatible avec l'appropriation capitaliste.
Au-delà du constat de la portée de la question de la dette, il est important de noter un débat en filigrane : la crise de la dette publique est-elle un simple prétexte commode aux politiques d'austérité ou s'agit-il du nœud des contradictions du capitalisme contemporain ? Il revient aux anticapitalistes de s'impliquer pleinement dans ces débats afin de participer à la construction d'une stratégie pour faire face à la fuite en avant des capitalistes vers la destruction sociale et écologique.
Suren