Certaines organisations d’inspiration chrétienne ne voudraient pas qu’on prenne ce message biblique trop à lettre. Au nom d’un « ordre moral », elles voudraient surtout pouvoir contrôler qui a le droit d’aimer qui, et sous quelle forme.Ces dernières semaines, le droit au mariage des couples homosexuels (qui fait l’objet d’un projet de loi validé, en discussion à l’Assemblée nationale à partir du 29 janvier prochain) a mobilisé contre lui des opposants divers. Ainsi, le 17 novembre, au moins 70 000 manifestants à Paris et au moins 100 000 à l’échelle de la France ont protesté contre le projet du « mariage pour tous et toutes ». C’était la manifestation « large », plus unitaire, sous des airs plus modérés. Marche réactionnaireLe lendemain, c’était au tour des forces plus « extrémistes », plus ouvertement haineuses, plus violentes aussi, de manifester à Paris. La marche du 18 novembre avait été appelée par l’« institut Civitas », organisation ultra-réactionnaire catholique qui s’est fait connaître en octobre et novembre 2011 par ses mobilisations contre des pièces de théâtre jugées « blasphématoires ». Cette fois-ci, un peu moins de 10 000 manifestants répondirent à l’appel.L’institut Civitas a été fondé en 1999, et se définit comme un « mouvement politique inspiré par le droit naturel », aspirant à une « re-christianisation de notre société ». Son président actuel est Alain Escada, de nationalité belge, qui a été porte-parole du « Front national de Belgique » en 1996-97. Ce parti a cependant fini par l’exclure, en lui reprochant « l’usage de faux » et un détournement de fonds, sur fond d’une bataille de clans exacerbée au sein de ce parti. Escada est proche de la « Fraternité sacerdotale Saint-Pie X » (FSSPX), une organisation catholique intégriste.La foire aux monstresPlusieurs groupes d’extrême droite étaient ouvertement présents à la manifestation du 18 novembre. C’était le cas du Parti de France de Carl Lang et du Mouvement national républicain, deux scissions du Front national créées respectivement en 1999 et en 2009. On trouvait aussi, de façon visible, les « Jeunesses nationalistes », ouvertement fascistes, créées en 2011 par Alexandre Gabriac, jeune conseiller régional en Rhône-Alpes, suite à son exclusion du FN pour avoir publié des photos sur Facebook où il arborait le salut hitlérien. Avec eux marchaient aussi les militants du groupe « Œuvre française », dont son ex-président Pierre Sidos (remplacé, au début de l’année, par Yvan Benedetti, un proche de Bruno Gollnisch, exclu du FN entre autres pour antisémitisme trop voyant). Ces groupes fascistes côtoyaient des organisations plus traditionalistes, à l’instar de l’Action française qui y disposait d’un cortège relativement important.Pendant la semaine précédant cette marche, Marine Le Pen avait déclaré que son parti laissait à ses militantEs la liberté d’y participer individuellement ou non, le FN n’appelant pas à la manifestation. CertainEs adhérentEs y sont allés, dont l’ex-vice président Bruno Gollnisch. Un membre du service d’ordre du FN dans le 93 se trouverait parmi les cinq individus qui ont été mis en examen pour violences contre les militantes féministes du groupe « Femen ».La position du FN a depuis évolué. Invité le 26 novembre au « Talk Orange », Louis Aliot (actuel numéro 2) déclara qu’il ne condamnait pas la manifestation du 18, mais celles et ceux qui étaient « venus attaquer cette manifestation ». Le 29 novembre sur France Inter, Marine Le Pen annonça que les instances du parti allaient discuter concernant la participation du FN aux futures mobilisations contre le mariage des couples homosexuels.Bertold du Ryon
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