Publié le Jeudi 27 novembre 2025 à 12h00.

Un amendement contre les animaux

Pour la troisième année consécutive, malgré deux échecs les années précédentes, un amendement au projet de loi de finances visant à asphyxier financièrement des associations diffusant des images d’élevages ou d’abattoirs a été déposé par plusieurs députéEs Les Républicains et Horizons.

Cet amendement, adopté à deux voix près par la commission des finances, demande la suspension des avantages fiscaux pour tout don fait à une association qui serait condamnée pour introduction dans le domicile d’autrui, diffamation, ainsi que pour six autres infractions. Les associations de défense des animaux sont explicitement visées dans l’exposé des motifs (L214 a même été citée dans l’hémicycle comme cible de cet amendement) et s’inquiètent de la perte financière potentielle en cas de condamnation liée à leur mission d’information. Le RN va encore plus loin en proposant que la défiscalisation des dons faits à toute association condamnée soit supprimée.

Une nouvelle atteinte à la démocratie

La liberté d’information est directement mise en danger par cet amendement qui cherche à faire disparaître les lanceurs d’alerte, devenus ces dernières années l’une des cibles principales des porteurs de voix de la FNSEA et des lobbies. Cette nouvelle attaque contre les associations et la liberté d’expression et d’information est un nouveau marqueur inquiétant de la connivence entre droite et extrême droite.

L’instrumentalisation de la détresse des éleveurEs pour attaquer la liberté d’informer est bien à l’avantage des lobbys et des géants de l’agro-industrie qui contrôlent le système dans son ensemble. En effet, il est dans l’intérêt économique de l’industrie de l’exploitation animale de cacher la réalité des élevages et des abattoirs, afin que les consommateurEs de « produits » qui en sont issus continuent d’en acheter sans se questionner. Pourtant, les éleveurEs ou travailleurEs d’abattoir sont elleux-mêmes régulièrement celleux qui contactent L214 et lancent l’alerte sur les problèmes inhérents à l’exploitation des animaux. Tracer une ligne entre, d’un côté, des prétenuEs « méchantEs animalistes » ennemis du terroir et, de l’autre, des « bons éleveurs » qu’il faudrait protéger est des plus caricatural et bien éloigné de la réalité.

Continuer à informer

Si nous avons conscience que la fin de l’exploitation animale ne passera pas uniquement par l’information pure et simple des pratiques d’élevage et d’abattage, il est néanmoins essentiel de continuer cette mission d’information. Les élevages et les abattoirs ont toujours des pratiques opaques, et redoutent par-dessus tout une transparence qui leur serait ­économiquement défavorable.
Cet amendement est un nouveau verrou à la mise en place d’un système de consommation éclairé, mais il est aussi un pas supplémentaire dans la répression d’État qui s’attaque aux militantEs animalistes et antispécistes. Il est nécessaire de le dénoncer et de le combattre aux côtés des associations directement visées.

Commission cause animale