Publié le Mercredi 5 février 2025 à 13h00.

Censurer ce gouvernement et son budget antisocial !

Le gouvernement Bayrou recourt, comme ses prédécesseurs, à l’article 49.3 tout à fait antidémocratique pour faire passer son budget antisocial, pire que celui du gouvernement Barnier. Il mérite le même sort : être censuré ! 

Ce budget 2025 taille dans les dépenses publiques : 24 milliards d’euros en moins par rapport au financement de 2024 (– 21,5 milliards dans le projet de finances de Barnier) ; 2 milliards d’euros en moins pour les collectivités locales, 8 milliards d’euros en moins dans le budget de la sécurité sociale. Parmi les missions les plus visées : « écologie, développement et mobilités durables », l’enseignement supérieur et la recherche (lire page 5), la « solidarité, insertion et égalité des chances », l’enseignement scolaire ou l’agriculture. Et le Sénat a exigé la suppression supplémentaire de 1,4 milliard dédié au logement, à l’éducation et au sport.

Les recettes fiscales sont bien moindres avec 8 milliards provenant de la surtaxe de l’impôt sur les bénéfices des entreprises réalisant plus de 1 milliard d’euros de chiffres d’affaires. Pas touche aux aides publiques pour les entreprises. D’après une étude commandée par la CGT 1, leur montant total était de 203,2 milliards d’euros (7,2 % du PIB) en 2023, soit le quart du budget de l’État. Ce ne sont pas les quelques miettes lâchées lors des négociations avec des dirigeants du PS qui changent les choses !

Censurer sa politique raciste, anti-migrantEs !

Bayrou emboîtant le pas à la propagande raciste a parlé de ­« ­submersion » à propos de Mayotte. 

La nomination de Retailleau au ministère de l’Intérieur était un gage donné au RN pour qu’il ne vote pas la censure. Dans la continuité de Darmanin, il poursuit une opération de grande envergure pour polariser les mécontentements contre les refugiéEs. Tous les moyens sont bons : faire passer les migrantEs pour des criminels, organiser comme à Bordeaux des descentes de police dans les quartiers pour trouver les étrangerEs en ­situation irrégulière. Des policiers sur ordre préfectoral bafouent la loi en allant chercher une élève dans un établissement scolaire ! La circulaire Retailleau abroge la circulaire Valls de 2012 et donne aux préfets des consignes fermes de non-régularisation des ­personnes ­étrangères vivant en France sans titre de séjour. Il veut empêcher la régularisation au titre de l’admission exceptionnelle au séjour pour raison familiale. Ce sont les femmes qui s’occupent en majorité des enfants qui paieront le prix fort. Cette circulaire augmente la durée de séjour nécessaire à 7 ans (au lieu de 5 ans ­précédemment, voire 3 ans au titre du travail). Elle rend quasi-impossible la régularisation d’une personne ayant subi une OQTF (obligation de quitter le territoire français). Elle impose des critères de maîtrise du français et de « respect des valeurs républicaines » qui permettent un total arbitraire de la part des préfectures. Alors même que la liste des métiers en tension, restrictive et ­é­tablie selon les seuls critères du patronat, n’est toujours pas actualisée, cette circulaire ferme la porte à toute possibilité de régularisation aux travailleuses et travailleurs sans-papiers qui font tourner des secteurs de l’économie du pays, comme le nettoyage, la restauration, le BTP, l’aide à la personne et bien d’autres. La conséquence sera de plonger dans la clandestinité forcée et le dénuement le plus total des centaines de réfugiéEs sans papiers, sans droits, sans revenus, sans toit... Et ce, alors même qu’ en 2024 le nombre de régularisations a déjà chuté de 10 % tandis que le nombre de personnes expulsées (21 601) a augmenté de 26,7 %.

Riposter sur tous les fronts !

Il n’y a rien à attendre d’un nouveau gouvernement de droite acceptable par Macron, qui refuse obstinément l’option NFP pourtant arrivée en tête des élections. Quelle que soit la suite, nouvelles élections ou autre, la crise politique va continuer tant le système institutionnel, social, économique est en bout de course. 

Sur le plan social, écologique, féministe, antiraciste, il est urgent d’engager la contre-­offensive. Les résistances existent mais elles doivent s’amplifier. Un projet de changement profond de société doit émerger, par et pour les travailleurEs, les oppriméEs et les exploitéEs et préparer une véritable alternative politique et sociale.

Julie Piedra

 

  • 1. Mémo Éco n° 130, janvier 2024