Les résultats des élections législatives ont confirmé ceux de la présidentielle : une polarisation de la vie politique autour de trois blocs, un pouvoir avec une faible base sociale, et une instabilité qui témoigne d’une crise de régime, riche de potentialités mais aussi de dangers.
Les résultats du second tour des élections législatives sont une défaite pour le pouvoir en place. Avec 244 députéEs, Emmanuel Macron est en effet très loin d’obtenir la majorité absolue des députéEs, confirmant son illégitimité et son statut de « président mal élu ». Les défaites de plusieurs figures de la Macronie, de Richard Ferrand à Christophe Castaner en passant par Amélie de Montchalin, qui rejoignent Blanquer battu au premier tour, témoignent du rejet qu’inspirent Macron et les siens. La Première ministre Élisabeth Borne, candidate dans la 6e circonscription du Calvados, a quant à elle été élue, mais avec seulement 52,3 % des voix alors que son prédécesseur LREM avait été élu, en 2017, à 68,3 %.
Crise et instabilité politiques
La composition de l’Assemblée nationale laisse augurer d’une poursuite et d’une amplification de la situation d’instabilité politique, avec une « majorité présidentielle » minoritaire et dans l’incapacité de gouverner seule. Au vu de la politique qu’il a menée lors de son premier mandat et de la campagne de l’entre-deux tours, radicalement anti-Nupes, c’est à n’en pas douter sur sa droite que Macron va chercher des appuis, en durcissant encore un peu plus sa politique.
La crise démocratique se poursuit et se renforce, avec une très forte abstention et une déformation importante des votes en raison du mode de scrutin, qui n’inclut toujours aucune forme de proportionnelle. L’abstention est particulièrement forte dans la jeunesse et dans les classes populaires, qui se sont senties peu concernées par une campagne que le pouvoir en place a tout fait pour rendre inaudible.
Les scores de la Nupes s’inscrivent dans la lignée des résultats du premier tour des législatives – et de la présidentielle – et témoignent de l’existence d’une dynamique significative et positive à gauche. La FI multiplie son nombre de députéEs par cinq, ce qui confirme la présence d’un important rejet « sur la gauche » de Macron et des politiques néolibérales, et d’une aspiration à plus de justice sociale, d’écologie et de démocratie, voire d’un espoir dans un monde meilleur. Malgré les critiques que nous avons pu formuler à l’égard de la Nupes, nous nous félicitons que des millions de personnes se soient saisies de ses candidatures pour exprimer leur colère contre Macron et envoyer à l’Assemblée un nombre élevé de députéEs représentant une gauche de rupture avec le social-libéralisme.
Alerte face à l’extrême droite
Mais les scores de l’extrême droite doivent nous alerter. Avec 89 députéEs, le Rassemblement national réalise un score historique, et confirme son processus de « normalisation », avec une réelle implantation dans plusieurs régions (au nord, à l’est et au sud-est) et des percées dans d’autres. Le RN aura certes moins de députéEs que la gauche, mais ses capacités de nuisance vont être amplifiées, tant il cherche – malheureusement avec succès – à tirer les marrons du feu de l’instabilité politique et de la crise démocratique et sociale. La menace fasciste est bien là, et le pouvoir en place porte une lourde part de responsabilité, par ses politiques et des discours, dans ce dangereux phénomène.
Nous devons tout faire pour que la situation de crise politique qui va s’amplifier ne bénéficie pas aux forces les plus réactionnaires. D’où l’enjeu de préparer, dès aujourd’hui, les combats de demain, en s’appuyant entre autres sur les dynamiques militantes qu’ont pu générer les campagnes d’une partie des candidatEs de la Nupes, afin de constituer ou de pérenniser des collectifs prêts à mener les bagarres à venir face au néolibéralisme autoritaire, à commencer par la défense de nos retraites, qui devra être un combat de l’ensemble de la gauche politique et sociale, de même que celui pour la défense et la relance des services publics..
Dans une situation où le danger d’extrême droite s’affirme, il y a également urgence à construire des outils de résistance et d’organisation de notre camp social, y compris au niveau politique. Nous avons besoin d’une force politique large pour défendre les intérêts de la grande majorité de la population et la perspective d’une autre société, libérée du capital et des désastres sociaux et écologiques. L’heure est à la construction, dans les prochains mois, de cette gauche de combat !