La France Insoumise vient de lancer sa campagne législatives avec plusieurs objectifs : obtenir une majorité pour imposer une cohabitation à Macron, écraser le PS et… son ex-allié le PCF.
La France insoumise (FI) a réuni samedi 13 mai à Villejuif ses candidatEs, titulaires et suppléantEs, pour la deuxième convention nationale du mouvement consacrée au lancement de la campagne des législatives. Selon La France insoumise, plus de 88 % ne sont pas élus, 63 % n’ont aucune carte de parti et la moyenne d’âge est de 41 ans. Parmi ces candidatEs, nous trouvons quelques « personnalités », des syndicalistes, des militants contre le nucléaire et des sportifs... mais aussi la garde rapprochée de Mélenchon.
Une majorité insoumise ?
L’objectif de cette campagne a été clairement énoncé par Mélenchon lors d’un discours d’une heure : « Nous sommes candidats partout avec un objectif : gouverner le pays, constituer une nouvelle majorité ». Si on en croit son démarrage, la campagne de La France insoumise se concentrera sur le nouveau président. Selon Mélenchon, Macron serait leur seul « interlocuteur » car « la plupart de nos concurrents ne servent à rien ». En effet, pour Mélenchon et La France insoumise, les législatives représentent « le moment ou jamais » pour renverser la situation qui annonce, selon lui, une « violence sociale inouïe », ajoutant même de façon très paternaliste : « Il faut montrer qu’il faut que ce jeune homme soit tempéré dans ses folies par la main avisée d’un sage qui connaît de quel côté est le bonheur du peuple ». Le sage étant Mélenchon lui-même bien évidemment...
Pour défendre la future cohabitation dont il serait le Premier ministre, Mélenchon s’appuie sur une prétendue « cohabitation fructueuse », celle entre 1997 et 2002 entre Chirac et Jospin. En effet, pour Mélenchon, ce fut « un des moments les plus positifs de la vie de l’économie française » avec des créations d’emploi record dues aux 35 heures et des comptes sociaux dans le vert. C’était en effet une période faste… pour Mélenchon qui, de 2000 à 2002 fut ministre délégué à l’Enseignement professionnel dans un gouvernement qui, entre autres, privatisa plus que la droite. Et tout cela fut soldé avec l’extrême droite au second tour de la présidentielle. Chacun son bilan.
Opposition à Macron et liquidation du PS
En se positionnant comme possible « premier ministrable » dans une improbable majorité insoumise, Mélenchon se positionne en fait, comme le leader à gauche de l’opposition à Macron. Et c’est bien pour cela qu’à la suite de la nomination d’Édouard Philippe comme Premier ministre, il a déclaré : « La droite vient d’être annexée. Le Parti socialiste a été déjà absorbé puisque ses élus et ses candidats par dizaines ont demandé l’investiture de Macron et nombre d’entre eux attendent d’être élus pour le rejoindre. Enfin, les électeurs du Front national, après que ce parti a rempli le rôle d’épouvantail qui était attendu de lui, sont abandonnés, leurs chefs ont tous déserté. Il ne reste qu’une force cohérente, unie autour d’un programme, c’est La France insoumise ».
C’est aussi pour cela qu’il se présente contre un candidat PS à Marseille, tout comme l’ensemble de sa garde rapprochée, car désormais l’objectif n’est plus d’« affaiblir le PS » mais de « le remplacer ». Entre lui et Macron, plus rien ne doit rester après le 18 juin. Et surtout par le PS et ces « crevards » qui ont sollicité l’investiture d’En marche ! et qui « nous ont trahi pendant cinq ans »...
Du passé faisons table rase...
Mais le PS n’est pas sa seule cible : Mélenchon vise également la disparition du PCF en tant que parti indépendant. Misant sur la dynamique de sa campagne présidentielle, il entend imposer à tous les candidats investis par La France insoumise de signer une charte dans laquelle ils s’engagent à dépendre de son association de financement et à accepter une discipline de vote dans le futur groupe parlementaire.
Au niveau national, le PCF a refusé ces conditions qui équivaudraient sans aucun doute à un suicide organisationnel... Mais certains dirigeants du PCF sont individuellement prêts à l’accepter, comme c’est le cas de Stéphane Peu, candidat dans la 2e circonscription de Seine-Saint-Denis, ou de Robert Injey, candidat dans la 1re circonscription des Alpes-Maritimes.
À la veille de la fin du dépôt des candidatures, les négociations ayant échoué, le PCF et La France insoumise présenteront des candidats concurrents dans la plupart des circonscriptions. Les uns et les autres se renvoient la responsabilité de la division qui risque de priver le PCF de ses derniers députés et La France insoumise du groupe parlementaire espéré.
L’unité n’est plus un combat, c’est une véritable guerre !
Sandra Demarcq