Le gouvernement français est légèrement gêné aux entournures par l’affaire MAM. Pour rappel, la ministre des Affaires étrangères enchaîne bourde sur bourde à propos de la Tunisie.
Après avoir proposé à Ben Ali l’aide des forces françaises de maintien de l’ordre pour mater les manifestations, elle s’est rendue en Tunisie pour ses vacances. On peut d’ailleurs se demander si la proposition visait à ce qu’elle passe des vacances tranquilles. Quoique d’après certaines déclarations de MAM, il ne se passait plus rien lors de son séjour. Elle devait être très isolée.
Et puis voilà que tombe l’info : la ministre a profité d’un voyage en jet privé appartenant à un riche homme d’affaires tunisien : Aziz Milad. Comme le dit MAM, « Plutôt que faire les deux heures de voiture […] je l’ai accompagné pendant les vingt minutes de trajet en avion ». Eh oui, pourquoi aller chercher le mal alors qu’il ne s’agit que d’amortir ses vacances ? Si vous aviez un ami avec un jet, vous aussi choisiriez l’avion, non ? Quoi ? L’empreinte écologique ? Ce n’est que jalousie et envie ! Et Aziz Milad « est un chef d’entreprise très respecté en Tunisie, d’autant plus respecté après avoir été spolié par M. Trabelsi ». Si l’ami de MAM a été dépouillé par le frère de la femme honnie de Ben Ali, il s’agit bien d’un opposant au régime. Mais comment se fait-il qu’il siège au conseil d’administration d’une banque contrôlée par un gendre de Ben Ali ? Qu’il participe à un projet immobilier et un autre dans l’agriculture avec un autre gendre du fuyard ? C’est sûrement par hasard également que le fameux Milad a participé aux financements des campagnes électorales de... Ben Ali et qu’il figure dans la liste des signataires de l’appel des 65 demandant au même de se représenter en 2014. MAM devait l’ignorer. Et si on apprend quelques jours plus tard que ce n’est pas un mais deux voyages en jet privé qu’elle a effectués, c’est sûrement le décalage horaire. Il n’y en pas ? D’ailleurs, pourquoi partirait-elle ? Demande-t-on à Hortefeux reconnu coupable d’injures raciales et de non-respect de la présomption d’innocence de quitter son poste ? Voit-on un inconvénient à nommer ministre de la Justice Michel Mercier qui faisait l’objet d’une enquête pour un éventuel délit de favoritisme alors qu’il était président du conseil général du Rhône ? D’ailleurs, peu après la nomination, la plainte a été classée sans suite et concernant la deuxième plainte contre Hortefeux pour violation de la présomption d’innocence, le tribunal de grande instance de Paris vient de se déclarer incompétent (voir ci-contre). Quant à Woerth, tous ont loué sa probité et franchement rien ne laissait penser qu’il pouvait exister un quelconque conflit d’intérêts. D’ailleurs Fillon soutien MAM. Lui-même ne vient-il pas d’avouer avoir été hébergé par le gouvernement égyptien pendant ses vacances de fin d’année et avoir voyager dans un avion de la flottille gouvernementale ? On comprend mieux son soutien indéfectible... Que fait la justice ? Le multirécidiviste Hortefeux qui passera bientôt plus de temps devant les tribunaux que place Beauveau, vient de bénéficier d’une surprenante décision du tribunal de grande instance de Paris. En effet, alors qu’il était accusé pour la deuxième fois de violation de la présomption d’innocence, le tribunal s’est déclaré... incompétent ! En gros, il n’a pas du tout envie d’incriminer le ministre et préfère que la justice administrative s’en débrouille. Pourtant, il y a quelques semaines à peine, le même tribunal de Paris a jugé le même ministre sur la même incrimination et l’en a reconnu coupable. Le fait que dans le premier cas, ce soit la présomption d’innocence d’un ex-conseiller de Michèle Alliot-Marie au ministère de la Justice et dans l’autre celle d’un jeune soupçonné d’appartenir à la mouvance islamiste radicale aurait-il par hasard un lien avec cette décision ? À moins que les juges essaient de compenser la grève de leurs collègues...