Alors qu’ils ne cessent de vanter la prise de risque et de présenter leur enrichissement exorbitant comme la juste récompense de leur hardiesse entrepreneuriale, ceux qui se présentent comme « les investisseurs » n’aiment pas l’incertitude. Les capitalistes sont tellement bien servis par la politique de Macron qu’ils voudraient qu’elle se prolonge indéfiniment, que se poursuive encore et encore la destruction des services publics et de la protection sociale.
Après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, le CAC40 a dégringolé. La perspective d’une période d’instabilité politique les rend frileux. Le Medef déclare : « Nous ne pouvons prendre le risque de l’instabilité financière et de la défiance de nos partenaires économiques ». Goldman Sachs résume leurs inquiétudes quant à la « difficulté à faire adopter les restrictions de dépenses nécessaires pour réduire le déficit public et à faire passer les réformes structurelles pour stimuler la croissance ».
En revanche, les mêmes dirigeants de Goldman Sachs ne sont pas tellement effrayés par une victoire du Rassemblement national, comme le rapporte les Échos, estimant que « les mesures mises en œuvre pourraient être plus favorables aux entreprises que prévu » et pariant que Marine Le Pen pourrait « adoucir son discours comme Giorgia Meloni en Italie ».
Nulle trace d’un tel accommodement à l’égard du programme du Nouveau Front populaire. Bruno Lemaire, ministre de l’Économie, donne le ton : « délire total », « 1981 puissance dix », « chômage de masse », « déclassement »… Tous les épouvantails sont de sortie. Surtout, le locataire de Bercy menace : « quand on oublie la réalité économique, elle se rappelle à vous ». Cette fameuse « réalité économique » brandie comme un châtiment divin ou une catastrophe naturelle est l’autre nom des marchés financiers, des groupes capitalistes, des institutions européennes. Ceux-là mêmes qui se sont ligués contre le peuple grec dans les années 2010. Ni divine ni naturelle, une menace bien réelle face à laquelle il faudra faire front populaire, avec notre unité, notre détermination, nos luttes et nos organisations démocratiques.