Publié le Jeudi 24 juillet 2025 à 08h00.

Quand Macron montre le canon, les riches continuent de profiter du budget

Le budget 2026 serait pris en étau entre « un pays à l’agonie » du fait du montant de sa dette (Bayrou) et la menace russe qui imposerait une hausse du budget militaire afin « d’être libre » (Macron). 

Donc 43,8 milliards de coupes budgétaires d’un côté et 3,5 milliards d’euros en plus par rapport aux dépenses initiales pour le budget de la défense en 2026 (et 3 milliards en 2027). « C’est un effort ponctuel de tous (…), si notre liberté a un prix, le voici. »

À l’origine de la dette : une politique fiscale pour les riches

Effort ponctuel de toutes et tous ? « Depuis 2017, en France, le creusement du déficit de 2,4 points de PIB s’explique — comptablement — par la baisse du taux de prélèvements obligatoires (de 2,5 points de PIB), dont 1,6 point se traduisent par une baisse des prélèvements payés par les ménages et 0,9 point pour les entreprises. De leur côté, les dépenses publiques sont restées stables. » Pour le dire autrement, l’endettement (qui permet de financer le déficit de l’État) est le résultat d’une baisse délibérée des recettes fiscales. Selon la Cour des comptes, l’État français a ainsi renoncé à environ 63 milliards d’euros d’impôts chaque année, au bénéfice des plus riches et des grandes ­entreprises.

Florilège : baisse du taux d’imposition sur les sociétés de 33,3 % à 25 % ; réduction d’impôts sur la production ; baisse de l’imposition des dividendes et des intérêts (prélèvement à un taux fixe de 30 % au lieu de leur taxation sur la base du barème progressif de l’impôt sur le revenu) ; remplacement de l’impôt sur la fortune (ISF) par l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui permet au détenteurices de capital financier (actions, obligations) d’être moins imposéEs ; suppression de la taxe d’habitation sur les résidences principales ; réduction du taux de cotisations sociales payéEs par les employeurs… Et le gouvernement ne veut pas entendre parler de la « taxe Zucman », une taxe de 2 % sur les patrimoines dépassant 100 millions d’euros, qui concernerait 1 800 ménages en France…

Les besoins sociaux ou les armes ?

Le prix de notre liberté ? Il faudrait ainsi sacrifier les besoins sociaux sur l’autel du militarisme afin de soutenir l’Ukraine face à la menace russe. En fait, la dynamique de militarisation française ne profite que très marginalement à l’Ukraine. En 2024, la France est devenue le second exportateur d’armes dans le monde, avec un montant de 18 milliards d’euros — meilleure année après 2022. Bénéficiaires principaux ? Serbie, Indonésie pour 30 Rafale, Pays-Bas pour 4 sous-marins. Quid de 2022, année historique avec un montant à l’export de 27 milliards d’euros ? Plus des deux tiers de cette somme viennent d’un contrat avec… les Émirats arabes unis pour 80 Rafale. Plus globalement, entre 2013 et 2022, plus de la moitié des exportations françaises d’armes sont allées vers 5 pays : les Émirats arabes unis, l’Égypte, le Qatar, l’Inde et l’Arabie saoudite. Et pour 2025 ? Pour l’instant 14 hélicoptères vendus à l’Irak…

L’Ukraine dans tout ça ? Entre janvier 2022 et février 2025, la France a apporté environ 5 milliards d’aide militaire à l’Ukraine… On est loin du soutien militaire massif qui justifierait une hausse de la production d’armes. La réalité, c’est que les armes françaises vont surtout vers des dictatures plutôt que vers le peuple ukrainien.

Contre l’impérialisme et pour la satisfaction des besoins sociaux et le soutien, y compris armé, des peuples en lutte !

Le discours qui allie réduction de la dette et réarmement est donc une véritable machine de guerre contre nos conquis sociaux. Nos mobilisations doivent imposer d’autres choix. Socialiser la production d’armes et reconvertir cette industrie. Retirer les troupes françaises de toutes ses bases à l’étranger et dans les colonies. Stopper la vente d’armes aux dictateurs et à l’État d’Israël. Soutenir l’Ukraine par l’envoi d’armes et satisfaire les besoins sociaux par l’extension de la sphère de la gratuité et la hausse des cotisations sociales. Contre leur budget de mort et de casse sociale, à la rentrée, reprenons la rue !

William Daunora