À l’époque de la monarchie absolue, le roi convoquait les États généraux quand cela lui convenait (en fait quand il souhaitait créer de nouveaux impôts), écoutait les doléances des représentants et en faisait ce qu’il voulait. Il y avait aussi le Parlement de Paris qui pouvait faire obstacle aux textes souhaités par le roi, mais en cas de mauvaise volonté des parlementaires, le monarque pouvait imposer sa volonté. Donc, en fait, aux 17e et 18e siècles, ces assemblées soit ne siégeaient plus, soit avaient seulement le droit de parler. Ceci jusqu’à la crise qui devait déboucher sur la Révolution française ; on connait la célèbre phrase attribuée à Mirabeau : « Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes. »
À observer ce qui est en train de se jouer sur le traçage des données de téléphone, on se croirait revenu aux temps de la monarchie. Lundi 20 avril, Édouard Philippe a tenu une réunion téléphonique avec les chefs de parti dont beaucoup ont demandé que soit organisé un vote au Parlement. À la suite de cette réunion, « le Premier ministre a dit qu’il entendait les demandes (de vote) et qu’il y aurait des discussions à ce sujet », a expliqué son entourage à l’AFP, en précisant cependant qu’aucune décision n’était encore prise : « Il n’a pas dit non, il n’a pas dit oui ».
Certes, avec les godillots de La République en marche et du Modem, le gouvernement court peu de risques à accepter un vote. Celui-ci aura finalement lieu la semaine prochaine, mais le problème demeure : il ne paraissait pas évident à ceux qui nous gouvernent que les députéEs puissent voter ! Alors que cela devrait être obligatoire pour un sujet aussi lourd de menaces… Comme le déclare un communiqué signé par notamment la Ligue des droits de l’homme, le Syndicat de la magistrature, le Syndicat des avocats de France : « En matière de lutte contre la pandémie et notamment de fin de confinement, il semble que le gouvernement tente de masquer ses manques et ses erreurs avec des outils technologiques présentés comme des solutions miracles. Et alors que leur efficacité n’a pas été démontrée, les dangers pour nos libertés sont eux bien réels. »
Décidément, il faut en finir avec ce régime et cette Constitution où les gouvernements en sont au point de ne même plus faire voter les députéEs tant sur les données téléphoniques que sur l’autorisation d’horaires de travail allant jusqu’à 60 heures par semaine.