La formule est toute neuve, comme le Président. Mais on sait déjà à quoi s’en tenir : beaucoup de redressement, peu de justice, et rien de vraiment neuf. Un peu à l’image de la passation de pouvoir dans la meilleure tradition républicaine : main dans la main pour rendre hommage à la Nation et à son armée le 8 mai, main dans la main le 15 mai pour se refiler les codes de l’arme nucléaire et saluer un ex-ministre des colonies.
Les têtes changent, mais pas les institutions ni le sens de l’État ni bien sûr la politique de rigueur qui va avec.D’ailleurs Angela Merkel a déjà prévenu : il n’y aura pas de renégociation du traité de stabilité européen (le MES). Au mieux un appendice qui conservera telle quelle la camisole de force tout en ajoutant quelques lignes sur la croissance, c’est-à-dire pour l’essentiel les moyens de gagner des points de compétitivité…
Entre-temps, Hollande devra impérativement trouver 24 milliards supplémentaires pour rester dans les clous. Après les mesures symboliques pour se faire bien voir, et qui ne coûtent rien comme retirer le nouveau décret sur l’évaluation des profs, ou revenir à la retraite à 60 ans pour les carrières longues mais sans compter les périodes de chômage (quelques dizaines de milliers de personnes), il faudra du sérieux. On parle déjà de négocier une enveloppe globale sur cinq ans pour l’augmentation des fonctionnaires comme première piste pour serrer les cordons de la bourse. Bref au mieux la rigueur, avec en plus son lot de licenciements annoncés en rafale, maintenant que la trêve électorale est terminée. Au pire, vraiment le pire, si les remous du côté de la Grèce entraînent une nouvelle vague spéculative contre la dette publique et l’euro.
Et sinon ? Il n’y aura évidemment pas d’autre choix que se bouger pour que ça change. Et fédérer sans attendre toutes les résistances et toutes les oppositions à cette prétendue gauche au pouvoir, sur le terrain des mobilisations, dans la rue et dans les grèves.
Jean-François Cabral