Nos résultats ne sont pas bons. Nous ne dépassons 1 % que dans une vingtaine de circonscriptions. Encore plus que lors de la présidentielle, la logique du mode de scrutin majoritaire antidémocratique et du vote utile a capté l’électorat autour des enjeux des partis institutionnels : donner une majorité à Hollande, arbitrer les rivalités entre la droite et l’extrême droite. Ces enjeux, bien loin des préoccupations du monde du travail, expliquent une abstention record en particulier dans les quartiers et dans la jeunesse. Dans ce contexte, voter pour les candidats anticapitalistes ne pouvait avoir d’autre utilité que d’exprimer une opinion, cela ne permet pas de peser dans le jeu institutionnel. Le Front de Gauche est lui aussi victime, plus qu’à la présidentielle, de cette logique du vote utile
Mais si la crédibilité des idées que portent les anticapitalistes est bien faible sur le terrain institutionnel, le courant politique bien réel et vivant bien que très minoritaire, la force que nous représentons peuvent, demain, jouer un rôle déterminant, comme en atteste la sympathie que nous avons rencontrée durant ces semaines de campagne.
Tous les mauvais coups, « suspendus » par l’élection présidentielle, surgissent de plus belle. Le chômage continue de progresser alors que la crise s’aggrave. Une période difficile commence. La pression de la crise et les illusions dans le PS vont renforcer, dans un premier temps du moins, l’attentisme. Mais la nécessité d’une autre politique est inscrite dans cette situation. Il est urgent de ne pas laisser l’opposition au gouvernement Hollande-Ayrault à la droite et l’extrême droite et de construire une opposition de gauche au futur gouvernement. Tout en nous concentrant sur les tâches de construction et en étant présents dans les mobilisations, nous proposons cette démarche à tous les partis et organisations du mouvement social qui partagent cet objectif : refusons de payer la crise des capitalistes !Dans la Gironde rose...En Gironde, sur les douze candidatEs NPA, seul Philippe Poutou émerge de la moyenne avec 2,12 % (1 274 voix) dans la circonscription du Médoc, marquée par le luxe des grands châteaux mais surtout par la galère quotidienne des ouvriers viticoles et la lutte des « Ford » à Blanquefort. Une circonscription où le PS arrive largement en tête avec plus de 45 %, comme dans presque tout le département avec deux réélections au 1er tour, celles de Rousset, président de région PS, et Mamère (EÉLV), devant l’UMP (22,73 %) et le FN (15,4 %). Les autres candidats arrivent loin derrière avec 4,4 % pour le FdG, 2,7 % pour EÉLV et 0,22 % pour LO, avec une abstention de 41 %.Cette campagne, bien que courte et dans un contexte peu porteur, a été l’occasion pour les douze équipes qui se sont mobilisées, de porter avec fierté la voix des anticapitalistes, affirmant la nécessité que « ceux d’en bas » fassent de la politique. Une campagne de terrain qui a permis, après celle de la présidentielle, d’intervenir plus largement que d’habitude, sur les marchés, devant les entreprises, d’associer des sympathisants, de nouvelles connaissances ou simplement de regrouper pour débattre, comme à Pessac où les candidatEs de la circonscription ont organisé un apéro-débat dans un bar tenu par un sympathisant avec une quarantaine d’amis, de collègues de travail, mais aussi des têtes nouvelles venues pour « parler politique ». Nos candidats, et plus souvent candidates (huit femmes) ont porté dans cette élection le combat qu’elles et ils mènent quotidiennement sur leur lieu de travail, dans leur quartier, les associations et syndicats… et parfois dans les conseils municipaux puisque quatre de nos candidatEs sont par ailleurs éluEs dans leur commune (Cenon, Lormont, Le Haillan et Pessac). La campagne finie, le combat anticapitaliste, féministe, écologiste continue !Savoie : des résultats sans rapport avec le dynamisme de la campagneLes candidatEs du NPA en Savoie obtiennent 0,64 % dans la 2e circonscription (Oriane Champanhet), 1,05 % dans la 1re circonscription (Myriam Combet) et 1,09 % dans la 4e circonscription (Laurent Ripart). Notre camarade Régis Moulard, des Alternatifs, avec qui nous avions présenté des candidatures communes, obtient 0,63 % dans la 3e circonscription. Ces résultats très médiocres sont en décalage avec la campagne assez dynamique que nous avons menée et pour laquelle nous avons bénéficié de la participation plus ou moins active de nombreux sympathisantEs.Ce décalage entre nos résultats et la sympathie que nous avions pu percevoir dans la campagne vient de notre échec à convaincre l’électorat populaire de l’utilité du vote anticapitaliste. Le cas de Chambéry est emblématique, où nous obtenons 1,4 % des voix, une moyenne qui cache des résultats très contrastés. Pour la première fois de notre histoire, nous obtenons nos plus mauvais scores dans les quartiers populaires, où nous n’atteignons que rarement le seuil de 1 %, y perdant environ 80 % des voix qui s’étaient réunies sur nos candidatures lors des régionales de 2010. En revanche, nous dépassons le seuil de 2 % dans les bureaux du centre de Chambéry, où nous avons conservé le soutien d’un électorat fortement politisé qui apprécie le travail que nous menons localement.Ces élections ferment ainsi une période, durant laquelle notre échec à battre dans la rue le gouvernement Sarkozy aura amené les classes populaires à utiliser le bulletin de vote socialiste pour dégager la droite. Une nouvelle période s’ouvre, durant laquelle l’enjeu sera de prendre de vitesse le Front national qui réalise une réelle et très inquiétante percée dans les quartiers, se positionnant ainsi pour recueillir le fruit des désillusions des classes populaires. Seine-Maritime : une campagne de terrainNous étions présents dans neuf circonscriptions. Nous avons fait notre maximum pour être sur le terrain : collage de tous les panneaux officiels et nombreux autres collages « sauvages » avec la rude concurrence du Front de Gauche, diffusions de tracts sur les marchés du département (Fécamp, Dieppe, Eu, le Tréport, le Havre, Barentin, Pavilly, Elbeuf, Sotteville, Rouen...) et devant de nombreuses entreprises, là où nous intervenons régulièrement depuis longtemps (Renault-Cléon et Sandouville, SNCF, hôpitaux, Cité administrative de Rouen) mais aussi d'autres plus occasionnellement (Renault Alpine à Dieppe, Sanofi-Aventis et Bemis au Trait par exemple). Plusieurs réunions publiques ont été organisées à Rouen, Elbeuf, Canteleu, le Houlme, Le Havre, Dieppe. Quelques contacts ont été réalisés à ces occasions, ce qui nous permettra de nous renforcer dans certaines villes du département. Une courte campagne dans la bonne humeur, inscrite dans la continuité de la présidentielle.Bien sûr, dimanche soir, il y avait une certaine déception... Nous franchissons « la barre de 1% » dans deux circonscriptions seulement. Christine Poupin, porte-parole nationale du NPA, obtient 1,18 % dans la 3e circonscription du département et c'est à Sotteville-lès-Rouen, ville où elle avait été élue conseillère municipale en 2008 qu'elle a réalisé ses meilleurs scores, avec certains bureaux à plus de 3 %. Dans la 4e circonscription, celle du ministre Fabius, réélu d'ailleurs dès le premier tour, Régis Louail, ouvrier à Renault-Cléon et militant syndicaliste reconnu, obtient 1,08 %. Ailleurs, nos scores sont à l'image de nos scores nationaux. Lundi matin, en entendant nos collègues de travail nous réconforter ou nous encourager à recommencer, on se dit que ce combat n'est pas seulement le nôtre et qu'il attend une occasion plus favorable que celle des urnes pour s'exprimer. Puy-de-Dôme : 100 % à gaucheLe pari était loin d’être gagné avec une circonscription charcutée, la démagogie sécuritaire de la députée sortante PS et une attitude fort peu unitaire (euphémisme...) de l’équipe 100 % PCF qui avait imposé son candidat au Front de Gauche, sans vouloir en discuter avec qui que ce soit. Les résultats n’en sont que plus parlants et le succès réjouissant pour la gauche 100 % à gauche rassemblée en soutien à la candidature d’Alain Laffont.Avec 5,5 % des voix dans la circonscription (record national des candidatures GA et NPA en dehors de l’exception limousine qu’il convient de saluer), mais surtout 7,5 % à Clermont-Ferrand et la quatrième place devant le candidat du PCF (et bien plus encore dans les quartiers populaires dont la « pôle position » avec 32 % dans le bureau de vote du quartier des Vergnes), les objectifs sont remplis. C’est mieux que la fois précédente où Alain avait manqué de peu les 5 %. La leçon est claire : il n’y a aucune fatalité à ce que la gauche radicale soit marginalisée pour peu qu’elle soit fidèle à ces principes : 100 % unitaire, 100 % anticapitaliste, 100 % écologiste.Chacun saura s’inspirer de l’exemple. Menée avec enthousiasme et détermination, la campagne fut belle, dynamique, utile, crédible et reconnue comme telle par notre camp social, pleine de rencontres et de promesses pour le présent et l’avenir des luttes, des rassemblements citoyens comme des échéances électorales. La commune de Clermont pour 2014 n’est pas un objectif hors de portée pour peu que la gauche de gauche cesse d’osciller entre isolement et repli sectaire d’une part, et accords opportunistes avec le PS d’autre part. Sur cette autre voie, il faut s’engager à fond... et faire qu’elle rime avec Laffo