Le mardi 12 novembre, la première partie « recettes » du PLF (projet de loi de finances) de 2025 a été rejetée par l’Assemblée nationale.
Par 362 voix contre 192, les alliés du gouvernement Barnier et l’extrême droite se sont unis contre un budget amendé par le Nouveau Front populaire qui, par son intervention dans l’hémicycle, avait permis d’arracher quelques hausses de taxes sur les plus riches et les multinationales.
Le budget modifié en budget NFP
Il y a quelques semaines, Michel Barnier annonçait la couleur du budget le plus austéritaire de la 5e République, avec un objectif de 60 milliards d’économies. Elles devaient porter pour 40 milliards de baisses de dépenses publiques (État, Sécurité sociale et collectivités territoriales) et 20 milliards d’augmentation de la fiscalité.
Malgré ces faibles mesures (temporaires) pour taxer les plus riches comme la contribution exceptionnelle des plus hauts revenus (plus de 500 000 euros par an) ou l’augmentation de l’impôt sur les sociétés passant de 25 % à 30 %, la majorité de l’effort reposait donc sur les classes populaires, l’écologie et les services publics à grands coups de coupes budgétaires.
Les députéEs du Nouveau Front populaire, notamment ceux de la France Insoumise, ont été particulièrement présentEs en hémicycle pour défendre des amendements pour taxer les plus riches et les multinationales : taxe Zucman ; taxe sur les rachats d’action, etc. Iels ont même réussi à supprimer la hausse de la taxe sur l’électricité, prévue dans la copie initiale du gouvernement, qui allait impacter directement les classes populaires.
Mais le renouvellement des rapports de force à l’Assemblée à la suite des élections législatives, amenant le Nouveau Front populaire en tête des trois blocs, n’a sans surprise, pas permis d’adopter des mesures de justice fiscale pourtant votées lors des débats en séance et en commission des finances. Les macronistes et LR, grands absents des débats, ont laissé le NFP faire passer de nombreux amendements sur la première partie du PLF, tout en continuant les magouilles avec l’extrême droite pour finir par rejeter le texte lors du vote solennel du 12 novembre. Un exemple de plus qui montre que la 5e République est un système antidémocratique où tous les coups sont permis pour favoriser les intérêts de la classe dominante.
Le RN, dernière béquille du gouvernement Barnier
Le texte ayant été rejeté, il part donc au Sénat sous sa forme initiale, celle du gouvernement, allégé de toutes les modifications apportées par la gauche. Il y trouvera un bon accueil au vu de l’équilibre politique à droite de la chambre.
Lors des séances du budget, le RN était le seul à défendre le budget du gouvernement dont les parlementaires censés le soutenir étaient absents. C’est une donnée importante à prendre en compte : le RN avait tout intérêt à ne pas montrer son soutien à cette cure d’austérité puisqu’il joue encore de son vernis « social » auprès de ses électeurEs. Mais l’absentéisme du bloc du centre et de la droite l’a forcé à mener la bataille contre le Nouveau Front populaire, en avouant concrètement défendre les intérêts des milliardaires, des multinationales et du patronat.
Cette séquence démontre le poids du Rassemblement national à l’Assemblée, et notamment le pouvoir qu’il a : celui de faire tomber le gouvernement Barnier à tout moment. Et cela coûte cher au gouvernement, qui négocie déjà la prochaine loi immigration encore plus répressive et raciste que les précédentes pour espérer rester en place.
Pour les services publics, les salaires et contre les plans de licenciements massifs
Alors que le budget de violence sociale de Barnier ne propose presque rien pour baisser les aides aux entreprises, des plans de licenciements d’ampleur sont annoncés dans plusieurs grosses entreprises françaises : Michelin, Auchan, Casino, Valeo…
Chaque année, 200 milliards d’euros estimés sont destinées aux aides aux entreprises : tout ça pour qu’elles licencient des milliers de salariéEs tout en rémunérant grassement leurs actionnaires grâce à l’argent public qui coule à flot1.
Nous devons mener la bataille aux côtés des salariéEs et des classes populaires pour exiger la hausse des salaires, le financement massif des service public et l’interdiction des licenciements.
Contre la droite et l’extrême droite qui s’allient pour détruire nos droits sociaux et nous faire payer la cure d’austérité, mobilisation générale, grève et auto-organisation des travailleurEs !
LM
- 1. L’étude de l’Ires et du Clersé date de 2022 : Un capitalisme sous perfusion.