De l’avis unanime des organisateurEs et des participantEs, la manifestation du 12 avril, sur le thème « Maintenant ça suffit ! Marchons contre l’austérité, pour l’égalité et le partage des richesses », a été un succès. Au moins autant que la participation de plusieurs dizaines de milliers de personnes aux manifestations de Paris, Avignon et Marseille, c’est le rassemblement relativement inédit qui a permis ces initiatives, et qui ouvre des perspectives précieuses dans la période actuelle.
Ce rassemblement est, en lui- même, autant significatif par le nombre d’organisations et de personnalités impliqué que par son fonctionnement. En ce qui concerne les organisations présentes, elles vont des organisations syndicales Solidaires, FSU et de nombreuses structures CGT, au NPA et Alternative Libertaire en passant par le DAL, RESF, APEIS, les structures de mobilisation sur la santé et/ou l’hôpital public, toutes les composantes du Front de gauche, et des personnalités engagées dans le mouvement social. Reste la faible présence de forces défendant les droits et notamment le droit du travail, et les organisations féministes. Les textes élaborés (appel, tracts, banderole) et les modalités d’actions font l’objet de longues discussions où la recherche du consensus a, jusqu’à maintenant, prévalu sur les logiques d’appareils. Même s'il existe encore certaines pratiques tels des articles sectaires, notamment du côté du PCF.
Débattre et mobiliserPour la suite, le collectif a plusieurs objectifs. Tout d’abord (re)prendre des initiatives pour ne pas laisser retomber la dynamique du 12 avril. Mais, dans le même temps, il faut consolider le regroupement du 12 avril pour retrouver touTEs les participantEs, et élargir aux structures diverses qui ont participé aux initiatives ou souhaitent maintenant y être associées. Enfin, il s’agit de construire des propositions qui combinent revendications contre la politique du gouvernement et du patronat et pistes pour des alternatives qui rompent avec ces politiques. La lutte contre le Pacte de responsabilité et ses déclinaisons est bien sûr au centre des préoccupations, mais d’autres questions doivent être prises en compte (Traité transatlantique, écologie, chômage, logement, égalité des droits, etc.). Une des difficultés est de concilier prise et réussite d’initiatives (manifestations, débats publics), avec le temps de débats qui impliquent toutes et tous, en respectant aussi les rythmes imposés par la démocratie dans les structures concernées notamment syndicales et associatives. Une rencontre nationale devrait se tenir mi ou fin juin, avec pour objectif des propositions de mobilisations pour la rentrée sous forme de manifestations décentralisées et de construction revendications/plateforme d’urgence/plan ORSEC contre l’austérité... Cette rencontre de juin devrait prendre la forme de séances plénières et de groupes de travail, sur des thèmes incluant les modes de fonctionnement et de décisions du collectif.
Toujours l’urgence !Mais toutes et tous sommes convaincuEs que le collectif ne peut ni ne doit s’isoler de l’actualité politique et surtout des résistances qui se développent. Intermittents du spectacle, fonctionnaires, postierEs, salariéEs de Sanofi, d’Alstom, du commerce et bien d’autres, opposent au quotidien leurs mobilisations aux attaques patronales et gouvernementales. Leurs combats doivent alimenter la réflexion du collectif, tout en respectant rythmes et formes de ces mobilisations. Sans ces luttes, pas de ressort pour un « Tous ensemble » contre la politique du Medef mise en œuvre par le gouvernement. Dans le même temps, les échéances électorales ne sont pas qu’une toile de fond aux couleurs plus ou moins satisfaisantes. La déroute électorale des partis gouvernementaux et la poussée de l’extrême droite risquent fort de se confirmer, de s’amplifier dans le cadre des élections européennes. De fortes raisons supplémentaires pour que s’affirment des réponses militantes, des alternatives à la régression sociale qui puissent nourrir une révolte de gauche qui balaie les tragiques perspectives proposées par l’extrême droite.
Robert Pelletier