À l’appel du Collectif 3A (Alternative À l’Austérité), plusieurs dizaines de milliers de manifestantEs se sont retrouvéEs tant à Paris qu’en régions pour crier avant tout leur rejet de la politique d’austérité du gouvernement Hollande.
Mais des rangs de ces manifestantEs s’élevait aussi la volonté de s’opposer aux attaques patronales et la politique répressive d’un gouvernement assassin à Sivens qui multiplie les agressions contre les jeunes et les travailleurs qui se mobilisent contre sa politique. La mobilisation d’une centaine d’organisations a permis la construction de rassemblements, de manifestations, de Toulouse à Strasbourg, de Quimper à Avignon, regroupant de quelques centaines de personnes à plusieurs milliers.Succès relatifCes manifestations s’inscrivent dans une situation politique où les reculs sociaux, le découragement, la perte de crédibilité des organisations traditionnelles du mouvement ouvrier, vont jusqu’à la perte du repère gauche-droite. Mais elles s’inscrivent dans la durée, dans la continuité, depuis les manifestations du 12 avril avec ce regroupement original d’associations, de partis politiques, de personnalités et de structures syndicales qui affirment dans la rue leur refus de la politique Hollande-Valls. C’est ainsi que plusieurs dizaines de structures CGT – fédérations, unions départementales, syndicats nationaux ou locaux – ont mis leurs forces dans la construction d’une mobilisation contre le gouvernement qui se démarque de la frilosité de la direction confédérale. C’est en décalage avec l’absence flagrante de Solidaires, non seulement au niveau national mais aussi de ses structures fédérales ou locales qui avaient appelé à la manifestation du 12 avril dernier, ainsi que l’absence tout aussi flagrante de quasiment toute structure d’une FSU de plus en plus dépendante de la direction confédérale CGT.De même, la faiblesse de la participation des associations ou de secteurs en lutte reflète les difficultés de construire une mobilisation regroupant partis, associations et structures syndicales, ayant la volonté de s’opposer au patronat et au gouvernement.
Comment continuer ?Les reculs sociaux, la faiblesse des mobilisations, sont en grande partie responsables de ces difficultés, mais la stratégie de forces en particulier politiques dans le Collectif 3A est aussi en cause. Ainsi le refus, notamment du PCF, de favoriser avant tout une mobilisation centrale à Paris, a conduit à la multiplications d’initiatives en régions qui ne correspondaient pas toujours à une construction locale unitaire, inscrite dans des mobilisations locales.L’autre problème vient des difficultés du Collectif même à aider à la construction, à se lier et à participer aux mobilisations réellement existantes. Des collectifs locaux – à Marseille, Avignon ou Toulouse – aux préoccupations voisines du Collectif 3A, bénéficiant de la proximité géographique, parviennent mieux à réaliser ce travail commun. Luttes des intermittents et précaires, des cheminotEs, contre l’Ayraultport, hôpitaux en lutte contre l’austérité, mobilisation contre l’extrême droite, le barrage du Testet et l’assassinat de Rémi Fraisse, autant de circonstances où le Collectif n’a pas pu relayer, soutenir les mobilisations.Certes le respect des prérogatives de chacune des composantes doit rester une préoccupation du Collectif. Mais être partie prenante des luttes réellement existantes est l’enjeu essentiel des mois qui viennent pour faire exister un Collectif utile ici et maintenant à la construction d’un affrontement avec le patronat et le gouvernement, pour ne pas laisser la voie libre aux pseudo-opposants de l’extrême droite...
Robert Pelletier