Pour la période de campagne, l’UMP tente de faire l’unité, mais les désaccords risquent de ressortir de plus belle après le 17 juin.
C’est promis, juré, acté. Les désaccords et surtout rivalités sont mis entre parenthèses jusqu’au 18 juin et c’est derrière une direction « collégiale » que l’UMP part en « guerre » – selon les mots de son secrétaire général, Jean-François Copé – pour les élections législatives. Le même, cité par le Figaro, indique qu’il s’agira de « convaincre les Français de l’irresponsabilité » de François Hollande et que « nous ferons campagne contre le refus de la règle d’or, contre le droit de vote pour les étrangers, contre le matraquage fiscal des classes moyennes, contre l’abandon de la filière nucléaire ».
Problème : chacun sait que Hollande et le PS acceptent ladite règle d’or (qu’ils soumettront au nouveau Parlement dès sa première session) et sont des défenseurs résolus de la filière nucléaire à laquelle ils ont promis de ne pas toucher (hors la centrale obsolète de Fessenheim), tandis que le supposé matraquage fiscal n’apparaît pas non plus très évident. En fait, sur les principales questions économiques comme sociales, ils se situent sur le même terrain que la droite, avec quelques différences ponctuelles ou de degré. D’où la difficulté manifeste des dirigeants de l’UMP à remplir leur fonction d’opposants, et leur propension à centrer leurs attaques sur des questions de personnes (l’« inélégance » d’Hollande envers Sarkozy, la condamnation d’Ayrault il y a quinze ans…).
Des quatre axes mis en avant par Copé, le seul ayant une base matérielle est le droit de vote des étrangers… pour les seules élections municipales. Auquel vient maintenant s’ajouter la dénonciation du « laxisme judiciaire » de la gauche, après que Christiane Taubira a confirmé le projet de supprimer les tribunaux correctionnels pour les mineurs – une mesure elle aussi élémentaire, quoique limitée. Au final, les arguments minimalement consistants de la campagne de l’UMP se réduiront donc aux thèmes régaliens ou « de société » (on peut ajouter le mariage homosexuel). Et c’est logique puisque cela correspond au seul type de « changement » un peu progressiste que le gouvernement Hollande est prêt à engager. En même temps, faire campagne sur ces questions signifiera pour la droite se retrouver en terrain connu et commun avec le FN, ce qui aura inévitablement comme conséquence d’accentuer la pression que ce dernier exerce sur l’ex-parti présidentiel.
D’autant que pour l’après-17 juin, on aiguise déjà les couteaux. Le Figaro, toujours lui (mais après tout c’est le journal quotidien de l’UMP), publiait ces jours-ci un article intitulé : « Les législatives ont mis un couvercle sur leur rivalité. Mais dès le lendemain du second tour, les hostilités commenceront entre Fillon et Copé. Pour le contrôle de l’UMP. » L’auteur y citait des responsables de droite avançant des propos tels que « ça va être sanglant » ou « les règlements de comptes vont être terribles ». Tant mieux ! Mais à condition que dans le même temps on parvienne à faire refluer la menace que fait peser le FN. Ce qui impliquera de construire et renforcer une alternative politique anticapitaliste, totalement indépendante.
Jean-Philippe Divès