Publié le Mercredi 28 septembre 2022 à 18h00.

Ventes d’armes françaises : toujours autant d’opacité (Amnesty)

Le rapport annuel sur les exportations d’armement de la France est un document essentiel qui doit permettre de faire toute la lumière sur un commerce dangereux et meurtrier, trop souvent réalisé dans l’ombre. Le gouvernement français a l’obligation de le transmettre au Parlement chaque année, le 1er juin au plus tard, et le rendre public dans la foulée.

Or, cette année, le ministère des Armées a tout simplement décidé de ne pas le publier en temps et en heure. Heureusement, le média d’investigation Disclose l’a fait à sa place. Nous l’avons analysé : sans surprise, il est incomplet.

La France a livré en 2021 pour près de 780 millions d’euros de matériels de guerre à l’Arabie saoudite. Or, la France indique avoir livré un véhicule blindé de combat, 5 hélicoptères de combat, 18 canons de 105 mm, 3 installations de tir, 4 lanceurs de missiles, 28 lance-missile antichar portatifs ainsi que 100 fusils.

Est-ce que le montant financier des livraisons affiché ne paraît pas être supérieur aux quantités de matériels de guerre livrés ? Quels autres matériels ont été livrés ? À titre comparatif, le coût de production unitaire d’un Rafale serait de près de 100 millions d’euros. La question est donc : quels sont les autres matériels de guerre livrés par la France à l’Arabie saoudite qui ne sont pas mentionnés ?

De même, si l’on prend le cas des Émirats arabes unis, la France leur a livré pour près de 230 millions d’euros de matériels de guerre mais il ne s’agit pas de chars et de véhicules blindés de combat, de navires de combat, d’avions et d’hélicoptères de combat, de missiles, de lanceurs de missiles, de systèmes portables de défense antiaérienne ni d’armes légères et de petit calibre car la France n’indique aucune livraison pour ces matériels. Dès lors, qu’est-ce que la France a bien pu livrer ? […]

Quant aux données statistiques fournies par le rapport au Parlement, un texte de loi serait nécessaire pour préciser quelles sont les informations à fournir qui sont laissées aujourd’hui à la discrétion du ministre des Armées. En effet, l’essentiel de l’information est manquant : ce que l’on vend (quantités, types de matériels, dates des prises de commande et des livraisons), à qui, pour quelle utilisation finale, avec quelles garanties liées à cette dernière.

C’est dans ce contexte que, le 27 septembre 2022, la commission de la Défense nationale et des forces armées organise à l’Assemblé nationale une audition censée faire la lumière sur les ventes d’armes françaises… à huis-clos. On appréciera l’exercice de transparence.

Lire sur amnesty.fr : « Ventes d’armes : sans surprise, le gouvernement maintient l’opacité ».