La jeunesse d’aujourd’hui n’a connu de grands mouvements sociaux en France qu’au travers de récits de grandes sœurs ou frères, de parents ou de grands-parents. 1968 est déjà loin et lors des luttes des années 2000 sur les retraites, le CPE ou la scolarité, nous n’étions pas encore là ou de très jeunes enfants.
Aujourd’hui notre scolarité est gouvernée par le stress de la sélection dès le lycée. On ne parle d’ailleurs plus des métiers qui donnent envie, voire qui font rêver avec ou sans études supérieures. Les emplois « alimentaires » ou « faute de mieux » sont maintenant les perspectives bien installées, quand la non-activité et Pôle emploi ne sont pas en embuscade. L’état critique de la planète empêche de voir à l’horizon d’une ou deux décennies et les gouvernements semblent faussement découvrir la situation. Sans parler de l’aveuglement de Brigitte Macron pour qui la priorité est de redéployer le port de l’uniforme à l’école : « J’ai porté l’uniforme comme élève : 15 ans de jupette bleu marine, pull bleu marine. Et je l’ai bien vécu ». Nous sommes en 2023, elle envisage la jeunesse à partir des années 1960...
À partir de ce constat qu’est-ce qu’on veut pour nos vies et comment l’ancrer dans une succession de luttes offensives et victorieuses ? Voire — rêvons un peu — dans notre projet de société : l’écosocialisme.
Entrer dans un mouvement majeur sur les retraites sans acquis militants ?
Une partie de la jeune génération actuelle a vécu au mieux les grèves mondiales pour le climat en 2018-2019 et peut-être quelques épisodes de mobilisations sur les bahuts lors des réformes des baccalauréats ou pour s’opposer à Parcoursup et au renforcement brutal de la sélection dans l’enseignement supérieur en 2018. Les vagues de démissions, dans l’hôtellerie-restauration et le commerce en 2021 ou dans la santé sont un non-mouvement qui en est pourtant un à sa façon. Cependant, ces moments de mobilisation n’ont pas permis de donner une dynamique positive et durable capable d’enclencher un renforcement ou un renouveau de collectifs ou de syndicats qui pourraient être moteur à l’aube de la lutte décisive sur les retraites.
Les exigences de la jeunesse autour des retraites
À l’heure de la banalisation du capitalisme néolibéral et après une décennie de défaites, une partie considérable des jeunes pensent ne jamais avoir de retraite, comme l’illustrent nombre de discussions lors de tractages sur les lycées. Certains pensent qu’ils n’atteindront même pas la vieillesse du fait de la dégradation majeure des écosystèmes. La jeunesse n’est pas homogène, ses attentes ne le sont pas non plus, de même que le degré de motivation. Cependant ce doit être le rôle des divers collectifs militants que de lier le droit de vivre et de vieillir paisiblement à la nécessité de se battre pour préserver la planète et enclencher une confiance dans cette lutte naissante pour ensemble, gagner et préparer la génération militante des prochaines années.
Peu de revendications spécifiques sur les jeunes ont été mises en avant lors des mobilisations sur les retraites des 19 et 21 janvier, qui comptaient pourtant tous les âges, dont de nombreux de jeunes. L’enjeu pour la jeunesse porte peut-être plutôt sur une exigence d’avenir global. Qu’il nous faut construire. Le mouvement actuel doit pouvoir rapidement devenir offensif afin de penser une société du 21e siècle et trouver l’envie en l’avenir malgré les horizons sociaux et écologiques bien sombres promis par le capitalisme.
Une année d’études égale une année de cotisation retraite
Une prochaine date de mobilisation sur les retraites est annoncée pour le 31 janvier. Il nous faut imposer des suites rapides en popularisant les propositions de journées fortes rapprochées ou reconductibles. Sans attendre, initier et construire des assemblées générales ou groupes d’action et de réflexion dans les milieux de jeunesse sur un triptyque scolarité-métier-retraite. Le penser comme un continuum pour remettre en question la société et pour frapper fort en dégageant des revendications concrètes.
En commençant par une exigence simple : retraite maximum à 60 ans à taux plein et où chaque année d’études compte, donne droit à une année de cotisation retraite. Travailler moins, produire moins, produire mieux, vivre mieux.