Publié le Dimanche 13 octobre 2024 à 12h00.

14 milliards d’euros d’économies sur le budget de la Sécu ! C’est non…

Face à cette attaque sans précédent, le « Tour de France pour la Santé » veut multiplier les étapes, essaye de bâtir une plateforme revendicative portée par la soixantaine d’organisations qui la compose, et prend contact avec les éluEs du NFP (Nouveau Front populaire) pour préparer une mobilisation contre un PLFSS (Projet de loi de financement de la Sécurité sociale) qui concentre toutes les attaques.

La priorité de Barnier, c’est de trouver 60 milliards d’économies, dont 14 milliards sur la Sécu, pour rembourser les banques qui depuis des années s’engraissent. Si on le laisse faire, l’hôpital déjà bien malade sera à terre, les personnelEs encore plus mal-payéEs et maltraitéEs, les patientEs moins bien rembourséEs, la santé de toutEs encore plus menacée. 

Parmi les pistes du gouvernement, un Objectif national des dépenses d’assurance maladie — le fameux « Ondam » — à 2,8 % seulement, encore en baisse par rapport aux 3,2 % déjà très insuffisants de l’an passé, et ce alors que même les directeurs d’hôpitaux réclament + 6 %. Si on compare ces 2,8 % à l’inflation, à la dette des hôpitaux, aux besoins en lits et en personnels, c’est la catastrophe qui va s’aggraver. Quant à la priorité affichée à la santé mentale, elle va s’arrêter aux portes du budget ! 

Explosion du coût des mutuelles ou 100 % Sécu…

Pour y parvenir, le gouvernement veut baisser le taux de remboursement des consultations médicales. Ce qui devrait encore faire exploser le montant des complémentaires santé, pour ceux et celles qui peuvent les payer. Un pas de plus vers une financiarisation qui aggrave les inégalités avec des couvertures santé différentes selon le portefeuille. Le gouvernement propose aussi la sortie de certaines pathologies des ALD (affections de longue durée) qui permettent une prise en charge à 100 % des pathologies lourdes, pour économiser 540 à 870 millions. Alors que les franchises médicales ont doublé le 1er avril 2024, le gouvernement veut les étendre aux appareils médicaux, pour une économie de 380 millions. Il reparle de nous voler une journée de travail pour financer les Ehpad, au bord du gouffre financier. Il envisage d’allonger le délai de carence de 3 à 8 jours sur les arrêts de travail, et de baisser le remboursement des consultations médicales et des indemnités journalières. Il sera toujours plus difficile et plus cher de se soigner, avec une Sécurité sociale qui défend le principe de « à chacun selon ses besoins » réduite au minimum. Et toujours plus de place aux mutuelles, qui ne jurent que par le « à chacun selon ses moyens » !

Reprendre le Tour de France, contre le PLFSS qui met à mort la santé !

Malgré les difficultés, souvent le découragement, les personnelEs essayent de se mobiliser. Ainsi à Brest pendant l’été, les personnels des urgences ont réalisé un mur de la honte, qui affichait les scandaleux délais d’attente pour les patientEs de plus de 75 ans. À Carhaix se prépare une manifestation régionale le 12 octobre, réunissant usagerEs, personnelEs, éluEs, les syndicats SUD et CGT, contre la répression, pour la défense de l’hôpital public et des urgences. 

Pour éviter l’effondrement de la Sécu et du droit à la santé, il faut une mobilisation populaire, réunissant usagerEs, personnelEs, syndicats, mutuelles, associations, partis de gauche. C’est pourquoi le Tour de France pour la santé, qui réunit plus de 60 organisations et a réussi à fédérer plus de 80 étapes l’an passé, veut reprendre son chemin : partout des initiatives unitaires pour défendre le droit à la santé.

Contact a été pris avec les parlementaires du Nouveau Front populaire pour échanger sur les revendications mises en avant par le Tour de France, et surtout pour discuter des initiatives unitaires possibles au moment du vote du PLFSS, un enjeu central. Ce gouvernement illégitime, fragile et qui veut faire 14 milliards d’euros d’économies sur la santé réussira-t-il à faire voter sa loi d’austérité ? Le Rassemblement national sauvera-t-il le gouvernement et son PLFSS d’austérité par une abstention ? Le NFP pourra-t-il faire passer un amendement au Plfss abrogeant la réforme des retraites ? La lutte autour du PLFSS 2025 sera-t-elle l’occasion de démarrer une mobilisation unitaire autour du droit à la santé et de la reconquête de la Sécu ? Cela dépendra de nos ­mobilisations.

Frank Prouhet