Publié le Samedi 5 mars 2022 à 12h00.

Amnesty International dénonce l’apartheid vaccinal

En facturant leurs vaccins à des prix élevés, en vendant la majeure partie à des pays riches, en s’opposant au partage de la propriété intellectuelle, les entreprises pharmaceutiques ne se sont pas montrées à la hauteur du défi de cette crise mondiale. De ce fait, elles ont contribué à une crise des droits humains.

Dix milliards de doses de vaccins contre le Covid-19 ont été produites l’année dernière, ce qui était largement suffisant pour atteindre l’objectif fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de vacciner 40 % de la population mondiale d’ici la fin de l’année 2021. Pourtant, nous révélons que seulement un peu plus de 4 % des personnes vivant dans des pays à faible revenu présentaient un schéma vaccinal complet à la fin de l’année dernière.

Si les pays à revenu élevé ont accaparé les vaccins, épuisant impitoyablement les stocks avant que les régions plus pauvres du monde ne puissent y accéder, les entreprises pharmaceutiques ont également joué un rôle majeur dans cette catastrophe des droits humains. Ces entreprises auraient pu être les héroïnes de 2021. Au lieu de cela, elles ont tourné le dos aux personnes qui avaient le plus besoin de vaccins et ont simplement continué de faire des affaires comme si de rien n’était.

En 2021, Pfizer/BioNTech et Moderna ont projeté des revenus allant jusqu’à 54 milliards de dollars américains, et pourtant, moins de 2 % de leurs vaccins ont été envoyés à des pays à faibles revenus. Les entreprises chinoises Sinovac et Sinopharm ont envoyé respectivement seulement 0,5 % et 1,5 % de leurs vaccins à des pays à faible revenu.

Johnson & Johnson et AstraZeneca ont effectué une meilleure distribution, 50 % de leurs stocks ayant été envoyés à des pays à revenu faible ou à revenu intermédiaire inférieur. Cependant, les deux entreprises refusent toujours de partager leur technologie et leur propriété intellectuelle dans le cadre des initiatives coordonnées par l’OMS et abandonnent maintenant leur modèle tarifaire sans but lucratif.

Malgré les milliards de dollars de financement public, ces entreprises continuent de placer leur cupidité avant leurs responsabilités en matière de droits humains. Si nous voulons que l’année 2022 soit la dernière de cette pandémie, nous devons changer de cap dès maintenant pour atteindre l’objectif fixé par l’OMS de voir 70 % de la population mondiale vaccinée en juillet 2022. Le seul moyen de sortir de cette crise est la vaccination collective.

Extrait de « Les Big Pharma ont contribué à l’iniquité vaccinale en 2021 », sur https://www.amnesty.org/fr/