Afin que les centres de santé répondent à un nouveau modèle économique, basé uniquement sur l’équilibre financier, leurs gestionnaires réorganisent leurs activités de soin. Ces restructurations s’accompagnent de diminution d’effectifs administratifs ou paramédicaux pour concentrer la masse salariale sur les « producteurs d’actes » dont le mode de rémunération, lui, tend à être aligné sur le mode libéral.
Le petit monde des centres de santé est peuplé de structures très diverses, tant dans leur offre de soin que dans la diversité de leurs gestionnaires : organismes mutualistes, caisses d’assurance maladie, associations, municipalités, congrégations religieuses, etc. Cette hétérogénéité et l’éparpillement des attaques, rendent très difficile la mise en commun des expériences, des revendications et des modes de luttes de leurs salariés. Et les mobilisations se font la plupart du temps sur le mode défensif, local et parfois corporatiste.Que ce soit en régions, comme dans les Bouches-du-Rhône ou à Paris, les centres mutualistes restructurent plus ou moins discrètement ou disparaissent. Dans certaines municipalités, des directions se sont mises en place pour « formater » structures et personnels, en cassant les cadres d’une médecine d’équipe et toutes les instances de concertations qui font la spécificité des centres de santé tels qu’ils ont été conçus pour rendre service aux populations.Parfois depuis longtemps, les salariéEs de ces centres, avec l’appui des syndicats se battent contre ces directions. Illustrant la complexité de la situation, une pétition initiée par les gestionnaires (la FNCS) et les syndicats de médecins, dentistes de centres de santé, « ensemble pour un Pacte d’Avenir pour les centres de santé », est parue pour faire pression sur le gouvernement afin d’obtenir le financement de missions spécifiques aux centres de santé : gestion du tiers payant, actions de prévention, coordination médicale. En région parisienne, un collectif de personnels et usagers de Centres de santé a vu le jour en avril dernier afin de partager expériences, et perspectives de luttes.
Vers des collectifs locaux de défenseDans le même temps, après le basculement à droite d’un certain nombre de villes et face aux craintes engendrées par un tel changement sur leur politique de santé, la Coordination de défense et de promotion des centres de santé, réactivée, s’est réunie. Outre la défense des centres de santé et de leurs personnels, son objectif est de peser sur les négociations en cours de l’accord national qui lie la CNAMTS (Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés) aux gestionnaires des centres de santé, négociations dont sont exclus les représentants des personnels des centres.Cette coordination a décidé de pousser à la création de collectifs locaux de défense des centres de santé, de se rapprocher de la Coordination nationale de défense des hôpitaux de proximité, et va demander à rencontrer les fédérations syndicales concernées de la santé, des organismes sociaux et des collectivités territoriales.Si la démarche des gestionnaires relève d’une certaine cohérence, la réaction des personnels et des usagers est plus dispersée. La construction d’une réponse collective coordonnée est balbutiante. Cette construction sera une des tâches des semaines et des mois qui viennent si nous ne voulons pas voir ces structures devenir des centres de production d’actes de soins éloignés de la préservation de la bonne santé des populations et des préoccupations des professionnels de santé.
F. Albi